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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Sophie Bastide-Foltz
Paris : Jean-Claude Lattès, avril 2014
647 p. ; 23 x 15 cm
ISBN 978-2-7096-4580-5
Actualités
- 04/07 Librairie: Sélections de l'été 2015 de la librairie Compagnie
Cela ne vous aura sûrement pas échappé mais c'est l'été. Et avec l'été, les différents magazines littéraires, les suppléments des quotidiens, les blogs et les sites de librairie y vont de leurs sélections de l'été. Eh oui, car la saison - comme toutes les autres, d'ailleurs ! - est propice à la lecture, cette fois-ci farniente. Et quoi de mieux, si l'on n'a absolument pas envie de réfléchir, de reposer ses neurones, que de lire des romans policiers ? L'ironie des propos ne vous aura pas échappé, et en ce qui concerne les sélections de la Librairie Compagnie (58, rue des Écoles - 75005 Paris. Tél. : 01.43.26.45.36), certains ouvrages - on pense à ceux parus à la "Série Noire" de Thomas Bronnec, D.O.A. et Dominique Manotti ou à Après la guerre de Hervé Le Corre chez Rivages - vont véritablement à l'encontre de cette littérature de gare ayant débarqué à la plage. Et puis surtout le très conséquent Hérétiques de Leonardo Padura présent dans la première sélection, la seule à être réduite à quatre titres, dont deux de littératures policières. La seule sélection intéressante car mêlant tous les genres et obligeant de par son nombre réduit à faire des choix personnels. Sinon, les grands formats et les poches sont en nombre conséquent (treize et vingt-huit) ce qui peut déconcerter - d'autant plus qu'il est difficile d'y voir une cohérence (hormis l'affection pour Peter May), mais il faut viser un large public. Quoi qu'il en soit, ces sélections remettent certains ouvrages en avant (et nombre d'entre eux sont sur k-libre. Ne boudons pas ce plaisir. Bon été !
Les Livres de l'été :
- Pour que tu ne te perdes paq dans le quartier, de Patrick Modiano (Gallimard, "NRF") ;
- Hérétiques, de Leonardo Padura (Métailié) ;
- Les Initiés, de Thomas Bronnec (Gallimard, "Série Noire") ;
- 1177 avant J.-C. : le jour où la civilisation s'est effondrée, d'Eric Cline (La Découverte).
Romans policiers grand format :
- Les Nuits de Reykjavik, d'Arnaldur Indridason (Métailié, "Noir") ;
- Retour à Watersbridge, de James Scott (Le Seuil, "Policiers") ;
- Les Initiés, de Thomas Bronnec (Gallimard, "Série Noire") ;
- Temps glaciaires, de Fred Vargas (Flammarion) ;
- Dans la ville en feu, de Michael Connelly (Calmann-Lévy, "Robert Pépin présente...) ;
- Les Ombres de Katyn, de Philip Kerr (Le Masque, "Grand format") ;
- Or noir, de Dominique Manotti (Gallimard, "Série Noire") ;
- La Violence en embuscade, de Dror Mishani (Le Seuil, "Policiers") ;
- La Chasse au trésor, de Andre Camilleri (Fleuve, "Noir") ;
- Perfidia, de James Ellroy (Rivages, "Thriller") ;
- Pu-Khtu Primo, de D.O.A. (Gallimard, "Série Noire") ;
- La Fille du train, de Paula Hawkins (Sonatine) ;
- Le Garçon qui ne parlait pas, de Donna Leon (Calmann-Lévy).
Polars en poche :
- Citoyens clandestins, de D.O.A. (Folio, "Policier") ;
- L'Homme de Lewis, de Peter May (Babel, "Noir") ;
- L'Île des chasseurs d'oiseaux, de Peter May (Babel, "Noir") ;
- Le Braconnier du lac perdu, de Peter May (Babel, "Noir") ;
- Nous cheminions entourés de fantômes aux fronts troués, de Jean-François Vilar (Points, "Romans noirs") ;
- Délivrance, de Jussi Adler-Olsen (Le Livre de poche, "Thriller") ;
- Yeruldelgger, de Ian Manook (Le Livre de poche, "Policier") ;
- Ceux qui tombent, de Michael Connelly (Le Livre de poche, "Policier") ;
- Prague fatale, de Philip Kerr (Le Livre de poche, "Policier") ;
- Pain, éducation, liberté, de Pétros Márkaris (Points, "Policier) ;
- Journal 1966-1974, de Jean-Patrick Manchette (Folio) ;
- Police, de Jo Nesbø (Folio, "Policier") ;
- Black-out, de John Lawton (10-18, "Domaine policier") ;
- Les Douze enfants de Paris, de Tim Willocks (Pocket, "Thriller") ;
- Les Impliqués, de Zygmunt Miloszewski (Pocket, "Policier") ;
- Trois cercueils se referment, de John Dickson Carr (Le Masque, "Masque jaune") ;
- Meurtre à Tombouctou, de Moussa Konaté (Points, "Policiers") ;
- Je suis pilgrim, de Terry Hayes (Le Livre de poche, "Thriller") ;
- Le Duel, d'Arnaldur Indridason (Points, "Policiers") ;
- La Sirène, de Camilla Läckberg (Babel, "Noir") ;
- Après la guerre, de Hervé Le Corre (Rivages, "Noir") ;
- Deux veuves pour un testament, de Donna Leon (Points, "Policiers") ;
- Une disparition inquiétante, de Dror Mishani (Points, "Policiers") ;
- Au service surnaturel de sa majesté, de Daniel O'Malley (Pocket, "Thriller") ;
- La Disparue d'Angel Court, de Anne Perry (10-18, "Grands détectives") ;
- Dragon bleu, tigre blanc, de Qiu Xiaolong (Points, "Policiers") ;
- Le Sceau du diable, de Peter Tremayne (10-18, "Grands détectives") ;
- D., de Robert Harris (Pocket, "Thriller).
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Rocambole pas mort
Un narrateur anonyme se faisant appeler Campbell est appelé suite à un meurtre particulièrement sordide, celui d'une femme retrouvée dans une baignoire remplie d'acide. Or la meurtrière insaisissable, qui a loué la chambre, s'est servi d'un manuel de criminologie écrit par Campbell pour réussir un crime parfait... La seule chose que Campbell retrouve en guise d'indice est un indicatif de téléphone de Bodrum, en Turquie. S'il a pris sa retraite depuis quelques temps, c'est là que Campbell a affronté un narcotrafiquant alors qu'il était employé par une officine ultra-secrète. Mais l'affaire le renvoie aussi à un terroriste nommé Saracen qui vient de s'emparer d'un virus mortel...
Depuis la fin de la guerre froide, on se demande ce que feraient les auteurs de thriller international sans les grands méchants terroristes... Terry Hayes étant scénaristes de séries TV, ce qui le range parmi les surhommes de ce bas-monde nimbé de gloire cathodique (mais dans une autre incarnation, il fut aussi scénariste des Mad Max, ce qui, il est vrai, vaut moins cher en points de coolitude), nul doute qu'il n'était même pas besoin d'ouvrir cet imposant thriller pour commencer à faire le buzz... Et pourtant, un peu de travail éditorial aurait remis les pendules à l'heure : de flashbacks interminables en scènes à faire (où on nous évite tout de même la course-poursuite de type "l'homme qui a vu l'homme qui a vu la bombe"), le tout développe un scénario passablement rocambolesque multipliant les péripéties sans trop se soucier d'arc narratif. Chaque nouvel indice est l'objet d'une description d'entomologiste des circonstances quitte à étirer la crédibilité (le héros réussit tout de même à extraire une image de miroirs...). Le tout finit par faire penser à la série néo-con de Philip Le Roy consacrée à l'inoxydable Nathan Love, le héros passant de la haute moralité (il subit un de ces fameux supplice de la noyade) à une attitude très "la fin justifie les moyens", plus quelques considérations condescendantes à souhait sur les pays visités (puisqu'en dehors de la grande Amérique, point de salut, comme chacun le sait). L'ensemble s'éloigne tant de son point de départ qu'il en finit par craquer sous son propre poids, la résolution relevant d'une de ces éternelles machinations d'une complexité bien inutile. Et le problème est celui de ce genre de romans : le monde sera-t-il sauvé ? Brrrr, on tremble...
Bref, plusieurs romans en un — pas forcément mauvais, mais la greffe prend mal — qui, en effet, devraient plaire aux amateurs de séries TV où l'on n'est guère regardant sur la crédibilité et, donc, devrait se vendre tout seul en tête de gondole. Pour la fraîcheur et l'originalité, il faudra aller voir ailleurs...
Citation
La jeune femme dans la baignoire est méconnaissable : les trois jours passés dans l'acide ont totalement effacé ses traits. C'était le but, je suppose.