Contenu
Poche
Réédition
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Elisabeth Guinsbourg
Paris : Folio, septembre 2014
224 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-07-045298-9
Coll. "Policier", 735
Courir comme un dératé
"Espion un jour, espion toujours." Cette maxime, qui peut également se décliner pour le tueur à gages, David aurait dû l'avoir en tête. Espion pendant la guerre froide, il a eu le culot de s'être rangé des voitures, d'avoir refait sa vie (d'artiste) et d'entretenir une histoire avec une petite amie (Gabrielle) qui ne sait rien de son passé de tueur au service de son pays. Seulement, il est recontacté neuf ans après parce qu'un autre espion, Luc Planchat, est devenu fou et qu'il semble être le seul à pouvoir le retrouver. Adieu la vie rêvée d'artiste, adieu Gabrielle et bonjour les ennuis. D'autant que David qui agit parce qu'il n'a pas le choix n'est pas le seul à agir. Des tueurs sont aux basques de celui qui est aux basques de l'espion fou (qui lui-même semble être aux basques d'un but bien particulier). James Sallis a en 1996 repris le thème du fatum, qu'il associe quelque peu au mythe de Sisyphe dans un roman où, avouons-le tout de suite, il se passe plus de choses dans les vingt dernières pages que dans les deux cents premières. Bien sûr, il y a cette plume francophile et littéraire avec une douce poésie pour nous asséner des tranches de littérature, de théories et d'aphorismes, bien sûr l'on sent poindre des fulgurances que l'on retrouvera, entre autres, dans Drive (sur un sujet avoisinant), mais le romancier fuit son intrigue à l'instar de son héros qui fuit on ne sait quoi. On se retrouve trimballé à la suite de David. Il poursuit Luc, retrouve Blaise (d'après Cendrars), cherche Gabrielle (pourquoi l'abandonner ?), re-retrouve Blaise et trouve enfin Luc pour une rencontre éphémère. On referme ce roman avec l'impression d'avoir lu quelque chose de particulièrement bien écrit mais dont il n'y a pas grand-chose à comprendre. Il ne reste qu'une douce mélancolie et une absence d'intrigue, et de se dire que James Sallis a réussi le pari d'ennuyer sans ennuyer. Allez y comprendre quelque chose !
Citation
La mort, mon ami, nous a envoyé une invitation des plus sophistiquées. Je me suis dit que nous ferions peut-être bien d'y répondre ensemble.