Balade entre les tombes

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Roman - Policier

Balade entre les tombes

Tueur en série - Drogue MAJ jeudi 23 octobre 2014

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Réédition

Tout public

Prix: 22 €

Lawrence Block
A Walk Among the Tombstones - 1992
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Mona de Pracontal
Paris : Gallimard, octobre 2014
374 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-07-014338-2
Coll. "Série noire"

Nuit ordinaire à Brooklyn

À l'occasion de l'adaptation cinématographique éponyme réalisée par Scott Frank, la "Série noire" gallimardienne republie en grand format le roman de 1992 de Lawrence Block qui avait déjà été en son temps disponible en grand format au Seuil et en poche chez Points. On pourra toujours regretter un tel choix et se demander s'il est bien nécessaire - coup marketing oblige - de repasser par le grand format avant de se retrouver en Folio "Policier". Passée cette interrogation, l'on est forcé d'admettre que l'intrigue concoctée par Lawrence Block associée à son talent de la narration et du style font de ce roman pourtant daté un petit bijou prompte à jouer avec notre adrénaline.
On retrouve Matt Scudder, ancien flic new-yorkais devenu détective privé, qui pointe aux Alcooliques Anonymes et qui est amoureux d'Elaine, une prostituée de luxe qu'il retrouve régulièrement. On redécouvre New York et on la traverse comme jamais à bord de taxis, dans le métro ou à pied selon les humeurs de Matt et le temps qu'il a à sa disposition. Et surtout on assiste à des journées ordinaires criminelles urbaines dont la Grosse Pomme est habituée. Tout débute parce que justement Matt Scudder est abonné aux Alcooliques Anonymes et qu'il a croisé par intermittence l'un des frères Khoury, Petey. Kenan Khoury, dealer qui cherche à se ranger des voitures, a retrouvé dans le coffre de l'une d'elle sa femme dont il était profondément amoureux en plusieurs petits morceaux précieusement emballés dans des sacs poubelle après avoir négocié une rançon. L'on peut comprendre aisément qu'il ne veuille pas que l'affaire s'ébruite, qu'il ne veuille pas en tenir informé la police et qu'il cherche à assouvir sa peine en une vengeance implacable. D'où la présence de Matt Scudder chez lui. La mission acceptée, le détective va remonter une piste qui va le conduire à faire le lien entre plusieurs affaires similaires passées, et à jouer le négociateur implacable d'une nouvelle en cours. Il va pour cela user et abuser de son réseau d'informateurs - des flics mais également TJ, adolescent Noir qui traverse les rues et vit on ne sait trop où -, et franchir plusieurs fois la ligne jaune de la légalité.
Mais l'attrait du roman c'est avant tout cette immersion dans la ville new-yorkaise à une époque où la technologie fait un énorme bond en avant. Le téléphone est un élément incontournable de l'intrigue. D'abord parce que c'est l'outil essentiel de communication entre Matt et Elaine afin de se voir. Ensuite parce que les ravisseurs dictent leurs conditions à partir de cabines téléphoniques (parfois dans des lavomatics) disséminées dans un district. Enfin, parce que l'époque avec son pager annonce le téléphone portable et qu'il n'y aura plus jamais à attendre d'être rappelé ou à faire des transferts onéreux d'appels. S'y ajoute le fait que les hackers font leur apparition, et que dans ce roman, deux frères qui n'en sont pas vraiment vont bien aider Matt Scudder à retracer des appels, abuser du système, mettre en avant la politique du hacker, lui permettant ainsi de tisser une toile dans laquelle vont s'engluer les deux ravisseurs à la camionnette bleue.
Après 1992, plus rien ne sera comme avant, le téléphone portable règnera. Avec lui arriveront des facilités d'intrigues, et c'est bien dommage. Lawrence Block, lui, ne s'en soucie guère avec ce thriller qui prend son temps avec un Matt Scudder qui va et vient entre différentes réunions des Alcooliques Anonymes, qui se découvre des amitiés dans la pègre (avec son lot de règles de conduite), et qui s'aime à tout va avec Elaine. Alors même si le monde est cruel avec ses violences physiques et son capitalisme galopant, New York vu par Lawrence Block, c'est quand même quelque chose de merveilleux.

Citation

S'il vient, il a un flingue. Moi je dis que c'est un mec qui assure, alors qu'il vienne. Tu sais comment ça marche, TJ ? C'est comme un appareil photo japonais, tu vises et t'appuies, c'est tout.

Rédacteur: Julien Védrenne lundi 20 octobre 2014
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