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Grand format
Inédit
Tout public
276 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-207-12436-9
Coll. "Sueurs froides"
Actualités
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- 17/03 Prix littéraire: Sélection 2015 du Prix Maisons de la presse
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Candide, pur et purifié
Les fourmis du titre ne sont pas de réelles fourmis, mais elles pourraient symboliser la petitesse de l'homme face à l'immensité de la nature. Tout commence par un groupe de six alpinistes qui testent une nouvelle voie pour de futures randonnées touristiques. Le récit s'ouvre par une communion avec la nature, avec le désir de contempler de splendides paysages mais c'est compter sans la neige, la tempête et la perte des repères qui font s'enfoncer le groupe au cœur du chaos blanc et glacé.
En parallèle, nous suivons la vie d'une petite communauté vivant dans ces contreforts montagneux. Dirigés de loin par un vieil homme qui tient plus du parrain s'appuyant sur des gros bras que sur un patriarche sage et vénérable, ces petits villages et hameaux reculés sont eux aussi restés en contact avec la nature : activités agricoles, rythme soumis à celui des saisons. Seul Mathias est un peu à l'écart. Mathias, le dernier des sacrificateurs. Sacrificateur ? Oui, car dans ce monde resté aux frontières du monde, l'on vénère encore des puissances ancestrales et chaque acte qui sort un peu du quotidien doit être sanctifié par un sacrifice, celui d'une chèvre emmenée dans les montagnes, puis jetée en offrandes aux dieux tutélaires. Mathias est le dernier rejeton d'une famille capable d'exercer ce métier, mais il n'a pas d'héritiers, son dernier sacrifice a été long et a semé le trouble dans la communauté. Alors le parrain lui adjoint l'un de ses neveux qui semble avoir, lui aussi, reçu le don. Entre Mathias et son disciple, le courant ne passe pas, ne serait-ce que parce que l'élève semble éprouver des plaisirs coupables lors des sacrifices.
Six fourmis blanches, comme les précédents textes de Sandrine Collette est un roman âpre et rude, ici réduit à une dimension tragique : la lutte d'hommes contre les éléments et la fuite d'un autre, poursuivi par les siens. Le texte se déroule de manière implacable en deux intrigues parallèles qui se rejoignent. À la fureur des éléments, d'une nature finalement indifférente aux drames que vivent de simples gens, répond la folie humaine. Le style parvient à rendre cette atmosphère de rituels pesants, de société archaïque, de liens privilégiés avec les forces obscures, dans la description de Mathias, dernier chaman occidental, comme dans la légèreté de la vie moderne, de ces civilisés européens qui croient simplement se livrer à une sortie loisirs un peu sportive alors qu'en fait ils défient des puissances qui les dépassent.
Là où nous croyons avoir dépassé la fin de l'histoire, où nous pensions que la paix généralisée allait naître après la chute du mur de Berlin, la réalité des ambitions, des monstruosités du monde et des humains, la force des éléments naturels nous rappellent à notre bien pénible condition. Daech et les tsunamis restent tapis derrière nos écrans high-tech comme la soif de meurtres est cachée chez le disciple de Mathias, comme la mort, enneigé vivant au fond d'une crevasse, sourd dans toute promenade alpine.
On en parle : Lire n°434 |Carnet de la Noir'Rôde n°55
Citation
Pourtant le silence et le vide sont nos meilleurs alliés, car toute autre chose se remarque, un oiseau dans le ciel par exemple, du sang sur la neige.