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Inédit
Tout public
Traduit du portugais par Vincent Gorse
La Tour-d'Aigue : L'Aube, mars 2015
496 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-8159-0837-5
Coll. "Noire"
Une usine à complots ?
Nombre d'événements prêtent à soupçon ou enflamment l'imagination. Certaines structures, avec leur goût de la discrétion, voire du secret, engendrent naturellement la suspicion. Et, comme l'on ne prête qu'aux riches, le Vatican, en la matière, est parmi les privilégiés. Des romanciers s'engouffrent avec bonheur dans des failles, comme le fait superbement Luís Miguel Rocha.
Monseigneur Valdemar Firenzi court depuis les archives secrètes du Vatican. Un homme, portant un serpent tatoué sur le poignet, le rattrape, le blesse et l'enlève. Le 28 septembre 1978, après seulement trente-trois jours de pontificat, Jean-Paul Ier meurt seul dans sa chambre. Il avait été élu sans le chercher, mais le choix de son nom, rompant avec la tradition, était le signe d'une volonté de profonds changements. Portugaise, Sarah Monteiro est correspondante à Londres pour plusieurs médias de son pays. En rentrant de vacances chez ses parents, son passeport alerte un contrôle. Le responsable décide de la laisser passer mais s'empresse de téléphoner : "Allo ?... Elle vient d'arriver." Au musée du Prado, à Madrid, un vieil homme qui passe des heures devant Las Meninas de Diego Vélásquez est victime d'un malaise. Le gardien court chercher un verre d'eau. Quand celui-ci revient, l'homme est mort, une seringue et une lettre près de lui. Le Padre "Pablo", à Buenos Aires est assassiné par un inconnu au poignet tatoué. Sarah, dans son courrier, trouve une enveloppe portant au dos le nom de Valdemar Firenzi. Ébahie, elle découvre dans une liste de noms celui de son père entouré d'un trait. Contacté, ce dernier lui demande de n'ouvrir à personne. Cependant, on force sa porte et un inconnu la poursuit jusque dans sa salle de bains. Alors que l'intrus va tirer, il est tué par deux balles ayant pénétré par la fenêtre. Plus tard, son père lui donne des indices pour retrouver Rafael qui l'aidera. Commence alors pour Sarah une course éperdue, aidée par ce mystérieux Rafael, pour rester en vie et tenter de comprendre pourquoi la liste qu'elle possède est l'enjeu de tant de crimes...
Le Dernier pape est le premier volet de "Complots au Vatican", une série conçue par Luís Miguel Rocha, un romancier portugais. Le sujet du présent roman s'appuie sur la mort de Jean-Paul Ier, un décès dont les conditions ont suscité, en leur temps, nombre d'interrogations, allant jusqu'au soupçon d'assassinat pur et dur. Mais, comment ne pas imaginer de telles actions quand un pape, encore bien vivant, déclare sous forme de boutade vouloir se mettre à l'abri d'empoisonnement ? De plus, ces dernières années, la presse s'est fait l'écho de situations insolites, de morts inexpliquées ou sujettes à suspicion concernant des responsables et des financiers très proches du Vatican.
Luís Miguel Rocha utilise ces éléments pour bâtir une histoire forte, riche en actions, dopée de péripéties, de rebondissements attractifs, voire addictifs. Certes, il s'agit d'abord d'un roman d'aventures et d'espionnage où complots, meurtres, organisations confidentielles, services secrets, mènent une ronde endiablée. Ainsi, l'auteur agrège autour du Vatican, axe central de son intrigue, la CIA, des loges d'obédiences diverses, fondamentalistes, et toutes les grandes organisations mafieuses qui font les beaux jours du crime organisé. Le contenu n'est pas que de fiction, loin s'en faut. En effet, l'auteur tisse des liens cohérents avec des faits authentiques, des situations existantes et met en scène nombre de personnages réels dont il donne, d'ailleurs, une courte biographie à la fin du volume.
Il développe ainsi les fils de son intrigue, ménageant adroitement un suspense conséquent, générant une tension, jouant avec moult réactions et coups de théâtre. Bien sûr, certains sont convenus, voire attendus. Il faut d'emblée, dans ce type de roman, accepter le fait que le héros sera toujours présent à la fin du récit, ayant échappé, seul ou avec une aide efficace, à mille périls. Peu d'auteurs s'offrent le luxe de se débarrasser de leur personnage principal, celui-ci, par convention tacite, venant à bout de tous les dangers pour faire triompher, qui le droit, qui la vérité. Mais, ce roman est également captivant par l'apport de renseignements sur les différents sujets et lieux abordés. Documenté, précis, érudit, ce livre offre une source d'informations authentiques passionnantes, tant sur le Vatican et son fonctionnement, que sur les papes, les loges très discrètes ou des événements politiques, des mouvements de société. Il propose nombre de réflexions sur les actions, sur les gestes anodins, coutumiers que l'on réalise presque sans y penser, sur leurs motifs, sur leurs buts. Il offre des digressions amusantes, au ton plaisant, amenées avec finesse dans le cadre de son récit endiable. Le style est alerte, soutenu par une écriture allègre qui implique le lecteur, installe une connivence et le rend presque acteur des scènes décrites et des parenthèses explicatives.
Le Dernier pape est un magnifique roman qui se lit avec passion. Bien triste nouvelle, Luís Miguel Rocha est décédé le 26 mars de cette année. Cependant, les éditions de l'Aube finissent la traduction du deuxième tome de cette série, La Balle sainte, et annoncent que suivront Le Mensonge sacré et La Fille du pape.
Citation
C'est son esprit bouillonnant qui lui joue des tours, qui lui fait imaginer n'importe quoi à cause d'une enveloppe reçue d'un expéditeur inconnu contenant une longue liste de noms sur un papier jauni où figure celui de son père.