Perfidia

Il y avait tant d'autres choses que j'aurais voulu savoir. Ces lettres n'étaient que quelques étoiles dans l'univers infini de son cœur. Mais il était trop tard. Si seulement je m'en étais rendu compte avant.
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jeudi 21 novembre

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Roman - Noir

Perfidia

Historique - Guerre - Corruption - Complot MAJ dimanche 31 mai 2015

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 24 €

James Ellroy
Perfidia - 2014
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Jean-Paul Gratias
Paris : Rivages, mai 2015
834 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-7436-3258-8
Coll. "Thriller"

Actualités

  • 06/06 Prix littéraire: Sélections 2016 des Trophées de l'association 813
  • 04/07 Librairie: Sélections de l'été 2015 de la librairie Compagnie
  • 25/06 Prix littéraire: Sélections 2015 des GPLP
  • 15/05 Édition: Parutions de la semaine - 15 mai
    Le roman de la semaine est incontestablement Perfidia, de James Ellroy qui plonge ses lecteurs dans l'Affaire Watanabe à la veille de Pearl Harbor avec un personnage qui revient sur le devant de la scène, Kay Lake. Cela étant dit, beaucoup de livres demeurent intéressants à commencer par ceux de Ace Atkins, Moussa Konaté, Simon Lewis, Liam McIlvanney, Marie Neuser... N'en citons plus... Sauf peut-être histoire de parler de sous-bocks polardeux aux éditions Zinc dont ceux d'une série a été écrite par Gilles Marchand, notre kamarade k-libriste !
    Les rééditions au format poche proposent également leur lot de petites perles : Arnaldur Indridason, Nicci French, Diniz Galhos, Philippe Georget, Martin Suter...
    Mais, comme d'habitude, faites votre choix !

    Fictions adulte grand format :
    L'Innocence des bourreaux, de Barbara Abel (Belfond, "Thriller")
    Les Cris du Mississippi, de Ace Atkins (Le Masque, "Grand format")
    La Mort au festival de Cannes, de Brigitte Aubert (Le Seuil, "Seuil policiers")
    La Langue du secret, de Najwa Barakat (L'Orient des livres, "Les Littératures contemporaines")
    Le Bar du Bhorre, de Raphaël Bischoff (Zinc, "Les Polars sous-bocks")
    La Prétendue innocence des fleurs, de Franck Calderon & Hervé de Moras (Scrineo)
    Carnaval, de Ray Celestin (Le Cherche midi)
    Perfidia, de James Ellroy (Rivages, "Thriller")
    Dis-moi que tu m'aimes, de Joy Fielding (Michel Lafon)
    Les Disparues du marais, de Elly Griffiths (Presses de la Cité, "Sang d'encre")
    Ici meurent les loups, de Stéphane Guyon (La Différence, "Noire")
    L'Affaire des coupeurs de tête, de Moussa Konaté (Métailié)
    Traqué, de Simon Lewis (Actes Sud, "Actes noirs")
    Blup, de Gilles Marchand (Zinc, "Les Polars en sous-bocks")
    Du même sang, de Laura McHugh (Calmann-Lévy)
    Là où vont les morts, de Liam McIlvanney (Métailié, "Bibliothèque écossaise")
    Les Assassins de la 5e B, de Kanae Minato (Le Seuil, "Seuil policiers")
    Prendre Lily, de Marie Neuser (Fleuve, "Fleuve noir")
    Suppr, de Karl Olsberg (Jacqueline Chambon, "Roman policier")
    Séquence : et si nous étions tous déjà condamnés ?, de Fredrik Olsson (Fleuve, "Fleuve noir")
    Labyrinthe fatal : une enquête de l'inspecteur Pendergast, de Douglas Preston & Lincoln Child (L'Archipel, "Suspense")
    Bacchiglione blues, de Matteo Righetto (La Dernire goutte, "Fonds noirs")
    Blanc comme la neige, de Salla Simukka (Le Livre de poche, "Je m'appelle Lumikki")
    Fantômas : édition intégrale. 5, de Pierre Souvestre & Marcel Allain (Robert Laffont, "Bouquins")
    L'Accident, de Cally L. Taylor (Marabout, "Fiction")
    Padre cocaïne, de Luc Venot (La Bourdonnaye, "Fictions")

    Fictions adulte poche :
    Le Duel, d'Arnaldur Indridason (Points, "Policiers")
    Cadavre 19, de Belinda Bauer (10-18, "Domaine policier")
    La Suite ne sera que silence, de Christian Bindner (Le Livre de poche, "Policier")
    La Fin du cercle, de Tom Egeland (City, "Poche. Thriller")
    Maudit mercredi : le jour où les jeunes filles rencontrent la mort, de Nicci French (Pocket, "Thriller")
    Gokan, de Diniz Galhos (Pocket, "Thriller")
    Le Paradoxe du cerf-volant, de Philippe Georget (Pocket, "Thriller")
    Le Festin du serpent, de Ghislain Gilberti (Pocket, "Thriller")
    Cargo, de Charles Haquet (Le Masque, "Masque poche")
    L'Oubli, de Emma Healey (Pocket, "Thriller")
    L'Heure du chacal, de Bernhard Jaumann (Le Livre de poche, "Policier")
    La Sirène, de Camilla Läckberg (Babel, "Noir")
    Un petit jouet mécanique, de Marie Neuser (Pocket, "Thriller")
    Tempête blanche : une enquête de l'inspecteur Pendergast, de Douglas Preston & Lincoln Child (J'ai lu, "Thriller")
    Le Vent t'emportera, de Jean-Marc Souvira (Pocket, "Thriller")
    Allmen et les dahlias, de Martin Suter (Points)

    Bandes dessinées :
    Aléria 1975. 2, Dernière sommation, de Frédéric Bertocchini & Michel Espinosa (DCL, "Les Grands récits")
    Aléria 1975 : l'intégrale, de Frédéric Bertocchini & Michel Espinosa (DCL, "Les Grands récits")
    La Renarde, de Sébastien Chrisostome & Marine Blandin (Arte, "Professeur Cyclope")
    Le Champ d'honneur : 1915, de Corbeyran, Étienne Le Roux & Loïc Chevalier (Delcourt, "Histoire & histoires. 14-18")
    Le Sang des lâches, de Jean-Yves Delitte (Casterman)
    Mémoire de l'esclavage. 5, Colonie des Antilles et de l'océan Indien, de Serge Diantantu (Caraïbéditions)
    RN 83. L'Hôtel, de Fabrice Linck & Federico Volpini (Le Long Bec)
    Air Force Vietnam. 4, Crusader dans la tourmente, de J. G. Wallace & J. L. Cash (Zéphyr BD)

    Mangas :
    Double je. 2, de Reiko Momochi (Akata)
    Gokusen. 10, de Kozueko Morimoto (Kaze Manga, "Seinen")

    Fictions jeunesse :
    Nous sommes tous des propagateurs, de Marine Carteron (Le Rouergue, "DoAdo. Les Autodafeurs")
    Fantômette au carnaval, de Georges Chaulet (Hachette Jeunesse, "Les Classiques de la Rose. Fantômette")
    À qui profite le crime ?, de Sophie Dieuaide (Casterman, "Casterman poche. Les Enquêtes de Tim & Chloé")
    Cours, et ne te retourne pas !, de Sophie Dieuaide (Casterman, "Casterman poche. Les Enquêtes de Tim & Chloé")
    Mission collège : une nouvelle aventure d'Antoine Lebic, de Sophie Dieuaide (Casterman, "Casterman junior. Romans")
    Préviens pas la police !, de Sophie Dieuaide (Casterman, "Casterman poche. Les Enquêtes de Tim & Chloé")
    Touchez pas au trésor !, de Sophie Dieuaide (Casterman, "Casterman poche. Les Enquêtes de Tim & Chloé")
    Irrésistible attraction, de Simone Elkeles (Le Livre de poche jeunesse)
    Eaux troubles, de Phillip Gwynne (Casterman, "Rush")
    Les Voleurs du Nil, de Viviane Koenig (Scrineo, "Jeunesse")
    Sang pour sang, de Barry Lyga (Le Masque, "MSK. I hunt killers")
    L'Énigme du flan empoisonné, de Christine Palluy (Hatier jeunesse, "Hatier poche. Premières lectures./ Les Mystères du Grand Hôtel")
    Anatomie d'une fille à l'ouest, d'Andrea Portes (Michel Lafon)
    Blanc comme la neige, de Salla Simukka (Hachette, "Black Moon. Je m'appelle Lumikki")
    Le Monastère caché, de Pierre Stolze (Le Verger des Hespérides, "Du coq à l'âme")

    Histoire de France :
    Portraits de résistants, de Jeanne-Marie Martin (Librio, "Document")
    Leclerc : le croisé de la France libre, de Jean-Christophe Notin (Perrin, "Maîtres de guerre")
    Jean Zay : le ministre assassiné : 1904-1944, d'Antoine Prost & Pascal Ory (Tallandier, "Albums illustrés")

    Histoire de l'Europe :
    La Conférence de la honte : Évian, juillet 1938, de Raphaël Delpard (Michalon, "Document")
    La Seconde Guerre mondiale, les faits et les chiffres, de Norman Ferguson (Acropole, "Histoire")
    Lady mensonges : Mary Lindell, fausse héroïne de la Résistance, de Marie-Laure Le Foulon (Alma)
    Les Secrets du jour J : opération Fortitude, Churchill mystifie Hitler, de Bob Maloubier (Tallandier, "Texto")
    Mémoires, de Erich von Manstein (Perrin, "Documents et témoignages")
    Les Mouvements fascistes : l'Europe de 1919 à 1945, Ernst Nolte (Tallandier, "Texto")
    Koursk : Staline défie Hitler : 5 juillet-23 août 1943, de Nicolas Pontic (Tallandier, "L'Histoire")
    Lettres de l'ombre : correspondance illégale dans les camps de concentration nazis, de Jean-Louis Rouhart (Les Territoires de la mémoire")
    Avoir 20 ans au Bois-le-Prêtre : septembre 1914-juillet 1915, de Bruno Rouyer (Gérard Louis, "1914/18")
    Les Poches de l'Atlantique : les batailles oubliées de la Libération : janvier 1944-mai 1945, de Stéphane Simonnet (Tallandier, "L'Histoire")

    Histoire des autres continents :
    Le Génocide arménien : 1915-2015 : des Turcs à l'État islamique Deach, le massacre continue, de Bernard Antony (Godefroy de Bouillon)
    Je reviens du Vietnam libre : notes de voyage, de Léo Figuères (Temps des cerises, "Récits des libertés")
    Révolte dans le désert : 1916-1918 : récit autobiographique, de Thomas Edward Lawrence (Omnibus, "Aventure")

    Régionalisme :
    116e régiment d'infanterie, caserne à Vannes, Morbihan : 116e, le régiment sans peur et sans reproche : hitorique du régiment pendant le conflit contre l'Allemagne du 3 août 1914 au 19 juillet 1919, de l'Association Aux gâs de Campenia (Éditions généalogiques de la Voûte)
    Jean-Marie Sentier : mort pour la France en 1915, , de l'Association Aux gâs de Campenia (Éditions généalogiques de la Voûte)

    Criminologie & prisons :
    L'Affaire Giroud et le Valais : un vade-mecum, d'Alain Bagnoud (Aire)
    Affaires sensibles : 40 ans d'histoires qui ont secoué la France, de Fabrice Drouelle (Robert Laffont)
    Le Jeu d'orchestre : recherche-action en art dans les lieux de privation de liberté, sous la direction de Marie-Pierre Lassus, Marc Le Piouff & Licia Sbatella (Presses universitaires du Septentrion, "Espaces politiques")

    Politiques, conditions et conjonctures politiques & personnages politiques :
    Pilleurs d'État, de Philippe Pascot (Max Milo)
    Être Palestinien en Israël : ségrégation, discrimination et démocratie, de Ben White (Guillotine)

    Problèmes sociaux & sécurité publique :
    Terreur : la nouvelle ère : des Twin Towers à Charlie, de Mathieu Guidère (Autrement, "Essais-documents")
    Connivence au service de l'État : révélations d'un policier de l'ombre, d'Alain Prissette & Grégoire Pinson (Le Moment)
    Liens : Le Duel |Le Duel |Cadavre 19 |Maudit mercredi : le jour où les jeunes filles rencontrent la mort |Gōkan |Le Paradoxe du cerf-volant |L'Heure du chacal |La Sirène |La Sirène |Un petit jouet mécanique |Tempête blanche |Le Vent t'emportera |Prendre Lily |Labyrinthe fatal |L'Innocence des bourreaux |Là où vont les morts |Séquence |Ici meurent les loups |La Mort au festival de Cannes |Du même sang |Barbara Abel |Ace Atkins |Brigitte Aubert |James Ellroy |Simon Lewis |Marie Neuser |Lincoln Child |Pierre Souvestre |Marcel Allain |Arnaldur Indridason |Belinda Bauer |Nicci French |Philippe Georget |Camilla Läckberg |Jean-Marc Souvira |Frédéric Bertocchini |Éric Corbeyran |Sophie Dieuaide |Phillip Gwynne

  • 09/05 Télévision: Plateau noir quatre étoiles

1941

Lorsque nous étions jeunes, une dissertation tarte à la crème offerte aux élèves du lycée proposait de travailler sur la différence entre Corneille et Racine, deux hommes de théâtre qui peignaient différemment les êtres. Nul doute que James Ellroy aurait choisi de raconter qu'il préfère la version où l'on peint les hommes tels qu'ils sont. Et c'est sans doute là la définition du roman noir. L'on retrouve dans ce nouvel opus la marque de fabrique du grand romancier américain : les hommes sont mus par leurs pulsions et par leurs désirs de pouvoir. Cela va du plus frustre, tel ce tueur japonais qui court les rues la nuit pour attraper des hommes et les violer, jusqu'à la sophistication ultime des grands corrupteurs de l'âme humaine qui vont, eux, jusqu'à payer des maraîchers pour que ces derniers rendent impropres à la culture leurs propres champs. Entre nous aurons toutes les variables : ceux qui donnent des coups et frappent pour le plaisir, ceux qui sont persuadés de répondre à des volontés divines, ceux qui vont utiliser la misère humaine pour réussir.
En effet dans ce nouveau volet ouvrant une nouvelle tétralogie (dont ce premier tome peut se lire indépendamment d'une suite) nous allons suivre les événements qui ponctuent la vie de Los Angeles au courant du mois de décembre 1941. Le récit s'ouvre (ou presque) par l'attaque surprise japonaise sur Pearl Harbor. Très vite, le roman nous montre des personnages qui savaient que l'attaque allait avoir lieu, mais dont l'idée générale était de ne rien dire et d'en profiter pour réaliser de grosses affaires juteuses.
Comme souvent chez James Ellroy, d'autres vont également profiter des événements pour des délires savamment orchestrés - des marchands qui sortent des affiches anti-Japonais, des gangsters qui entendent rénover des souterrains pour y cacher, contre paiement, des riches Japonais et se disent que l'on pourrait les engager en même temps pour tourner des films pornographiques, des médecins spécialistes de chirurgie esthétique qui prétendent exercer leurs talents pour transformer les visages trop japonais en d'autres lisses et plus chinois. Et l'auteur va multiplier les scènes de violence exacerbé qu'il sait décrire. Ici, notamment un groupe de Japonais qui tentent de forcer un barrage de la police mexicaine, la manière dont on va détruire un sous-marin japonais après l'avoir pillé ou la façon de détruire le portrait, méthodiquement, d'un adversaire. Pour rire, James Ellroy fait même passer un jeune officier américain, obsédé sexuel, préoccupé plus par ses galipettes que par la guerre qui s'amorce et poursuit ainsi ses coups de griffe contre JFK.
Mais Perfidia n'est pas uniquement l'histoire d'un roman qui continue, imperturbable, le sillon tracé depuis des années dans l'œuvre du romancier. Tout d'abord, en nous plongeant dans le passé, en nous présentant des personnages dont nous suivrons les aventures dans des livres déjà publiés (merci d'avoir indiqué en final la liste des personnages et des romans dans lesquels ils reviendront/sont revenus), James Ellroy crée un système impressionnant de vases communicants sur la genèse de certains de ses personnages (si Dudley Smith est déjà en germe le policier que nous retrouverons puissant dans les autres textes, il montre aussi un Blanchard commençant sa carrière, par exemple). Habituellement, dans une série, l'on suit la progression des acteurs. Ici, c'est une sensation étrange et nouvelle de découvrir les prémices de leurs activités. Et surtout une réussite de construction.
Nouveauté peut-être dans l'univers décrit, James Ellroy introduit des personnages féminins plus complexes, plus attachants, moins objets - c'est notamment le cas de Kay Lake dont les extraits de journaux intimes donne une image passionnante ou de Bette Davis. Le roman est aussi l'occasion pour l'écrivain de renouer avec un coté dostoievskien des "héros" qu'il décrit, moins manichéen. Évidemment les policiers sont plus occupés à violer, à magouiller des alliances avec des truands pour liquider ou voler l'argent d'autres truands, en laissant des preuves incriminant des gangsters qu'ils honnissent, et le cœur du roman est aussi la façon de créer un coupable crédible plutôt que de chercher le vrai assassin. Mais si nous prenons Dudley Smith, il cherche une forme de rédemption et de recherche de la pureté dans une relation amoureuse qu'il noue avec Bette Davis. En même temps, il est prêt à s'abandonner à la délicatesse, mais sur une phrase qu'elle dit, il va abattre, au hasard, un Japonais dans la rue, et alors qu'il veut changer, il ne peut s'empêcher d'essayer de faire glisser l'actrice dans ses combines plus ou moins foireuses.
Le roman racontant aussi l'entrée en guerre des Américains (avec les remous que cela pose car beaucoup doivent concilier les engagements politiques racistes, voire nazis avec leur patriotisme qui va les engager contre les nazis et les Japonais, eux aussi obsédés par la pureté raciale), et il était logique qu'en son cœur devaient se dérouler des intrigues mettant en scène des Japonais. Le personnage central est donc Ashida, le seul Japonais employé par les forces de la police, scientifique, qui doit mener seul son enquête mais doit composer avec les luttes de clan à l'intérieur de la police. À cet égard, le début du roman le montre, utilisant ses compétences pour défaire et casser les multiples micros et systèmes de surveillance et d'enregistrement qui défigurent les bâtiments de la police, tellement ils sont nombreux.
Toute l'intrigue tourne autour de la découverte de quatre Japonais, une famille, semblant s'être suicidée pour éviter des représailles - car ils savaient que Pearl Harbor allait arriver. Mais l'enquête montre que tout est bien plus complexe, qu'ils sont à la fois des coupables et des victimes innocentes d'enjeux qui les dépassent, les sacrifices nécessaires pour que le monde continue à tourner, pour que l'argent rentre dans les poches de certains. Régulièrement, comme pour rappeler ce sacrifice, les enquêteurs reviennent dans la maison du crime, pour y chercher un indice, une preuve, de manière illégale parfois, mais avec ce sens de l'obsession propres aux personnages ellroyens.
Écrit dans un style plus classique que les romans précédents, comme s'il avait atteint les limites de ses distorsions de la langue et de la syntaxe dans ces mêmes romans antérieurs, ou parce que revenir en 1941 oblige à plus de respect, Perfidia se base sur une structure complexe mais maîtrisée à l'extrême, sur une valse perpétuelle entre personnages antagonistes, dont aucun n'est délaissé ou caricaturé, mais présenté dans sa volonté de réussir. Lors de ses débuts, James Ellroy, dans certaines interviews, annonçait qu'il serait le plus grand écrivain noir de tous les temps. Je ne sais s'il faut créer de tels podiums pour les écrivains mais, avec ce nouveau texte, il signe une pierre importante et imposante dans le piédestal qu'il se construit. Il sait rester fidèle à ses obsessions tout en se renouvelant et en nous offrant un récit de huit cents pages qui se dévore et qui ne peut se lâcher.

Citation

Tout le monde espionnait tout le monde. Tout en jouant la comédie de la courtoisie. C'est là ce que révélait l'éducation catholique qu'ils partageaient.

Rédacteur: Laurent Greusard mercredi 16 décembre 2015
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