Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
288 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-02-112509-2
Coll. "Fiction & Cie"
Le Robin des Bois de Pointe-Noire
Alain Mabanckou revient à la fiction de la plus jolie des manières avec une fable où l'épique s'entremêle avec le sordide et l'exotique, le tout sur fond de politique, de corruption et de haine des peuples. Petit Piment est un roman ambitieux, et le rendu est à la hauteur des ambitions. De quoi est-il question ? De la vie de Tokumisa Nzambe po Mose yamoyindo abotami namboka ya Bakoko autrement dit "Rendons grâce à Dieu, le Moïse noir est né sur la terre des ancêtres" et de ses errances dans la ville de Pointe-Noire en République du Congo. Inutile de dire que ce nom de baptême donné par Papa Moupelo, un prêtre de l'orphelinat de Pointe-Noire, va être très vite remplacé par Moïse, plus court, plus simple. Les événements vont tout aussi très vite affubler notre héros du surnom de Petit Piment lors de sa rencontre cruciale avec les jumeaux Songi-Songi et Tala-Tala, deux teignes qui font régner la terreur au sein de l'établissement dirigé despotiquement par Dieudonné Ngoulmoumako (et les trois membres de sa famille : Mfoumbou, Bissoulou et Dongo-Dongo). Abandonnant son compagnon d'infortune Bonaventure Kokolo, Petit Piment s'échappe de l'orphelinat en compagnie des jumeaux. Eux deviennent chefs d'une bande qui écume le Grand Marché de Pointe-Noire. Petit Piment est leur second en mode naïf. Ils ont destitué Robin le Terrible, qui y a perdu un œil en plus de son pouvoir et de son territoire (et qui perdra plus tard la vie). Petit Piment y gagne un idéal : un jour, il sera le Robin des Bois de Pointe-Noire. En attendant ce jour, pour ne pas mourir, il écorche un chat noir qu'il est contraint de manger par ces jumeaux de l'ethnie des Bembés. Il n'en sortira mentalement pas indemne mais auparavant, il croisera la route de Maman Fiat 500 et de ses dix filles. Cette mère maquerelle zaïroise sera finalement victime des ambitions politiques de François Makélé lors de sa campagne "Pointe-Noire sans putes zaïroises" tout comme l'a été auparavant la bande de délinquants. Pris de folie, Petit Piment cultivera des épinards tout en pourchassant des nains de jardin avant d'être remis par son voisin entre les bras de deux docteurs. Mais la médecine occidentale ne pourra rien y faire, pas plus que l'ancestrale. Petit Piment devenu le double schizophrène de Robin des Bois et de Moïse s'habillera tout de vert et s'achètera un couteau avant de partir à la recherche de l'homme responsable de ses maux. Par-delà cette intrigue foutraque haute en couleur, l'écriture fleurie d'Alain Mabanckou ensorcelle. Certaines pages - la surveillance par les hommes du Président de la chambre de Mama Fiat 500 - sont à la fois jouissives et complètement déjantées. Et puis le romancier dresse un constat amer de la politique de son pays. L'échec du marxisme-léninisme, les exactions des politiques, la corruption omniprésente, les campagnes d'épuration, la haine du voisin zaïrois responsable de tous les malheurs : autant de sujets qu'Alain Mabanckou passe malicieusement à la moulinette littéraire pour nous ravir du carnet de prison de ce diable de Petit Piment, un redresseur de tort qui n'a pas su prendre son envol.
Récompenses :
Liste Goncourt : le choix polonais 2015
Citation
Alors que Wabongo-Wabongo III sortait de la bicoque de Maman Fiat 500, deux sbires le rattrapèrent, l'immobilisèrent et lui firent avaler de la ciguë.
- Au moins il aura eu une mort de philosophe, risqua un des sbires.