Les Innocents

Si j'étais invisible, je pourrais me glisser dans la chambre à coucher de m'man et p'pa. Je pourrais couper les testicules de p'pa et lui fourrer dans sa grosse gueule toute jaune. Jusqu'à ce qu'il étouffe.
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Roman - Thriller

Les Innocents

Tueur en série MAJ jeudi 17 septembre 2015

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 21 €

Robert Pobi
River of The Dead - 2013
Traduit de l'anglais (Canada) par Arnaud Baignot
Paris : Sonatine, septembre 2015
446 p. ; 23 x 15 cm
ISBN 978-2-35584-327-3

En avoir ou pas

Parfois la vie peut vous sembler compliquée : vous commencez votre journée avec le cadavre d'une enfant qui a été atrocement mutilée (on a séparé à vif ses pieds du reste du corps) alors qu'elle vivait encore. Et puis, tout semble basculer et la vie redevient simple : à proximité de la rivière où le cadavre a été abandonné vit un ancien accusé qui arrêté il y a vingt ans pour avoir justement été coincé alors qu'il se promenait avec les pieds d'un enfant. Mais dans les faits la vie EST compliquée. Ainsi, à peine arrivées sur les lieux où vit ce dangereux personnage, les forcent de police le découvrent mort découpé en morceaux éparpillés façon vase chinois projeté au sol dans sa cave. Et pour l'inspectrice Alexandra Hemingway, les choses se compliquent encore plus lorsqu'elle ouvre le congélateur du suspect devenu victime. Il y a là-dedans assez de pieds d'enfants pour comprendre qu'il a continué discrètement ses activités depuis sa libération sans être repéré... Les anciens se posaient la question de savoir qui surveillerait ceux qui nous surveillent. Alexandra Hemingway se demande, elle, qui a bien pu tuer ce tueur. Est-ce l'œuvre d'un justicier ou d'un esprit vengeur ? À moins que... Quand un deuxième enfant est retoruvé pareillement, mutilé elle comprend qu'il s'agit en fait d'un autre tueur, jaloux celui-ci, qui a liquidé ainsi un concurrent. C'est bien connu, le tueur (est-ce un vieil homme ?) est amer.
Robert Pobi construit une intrigue aux multiples rebondissements car, peu à peu, nous découvrirons que nous n'avons pas affaire à un véritable tueur en série. Par la construction, l'auteur sait focaliser ses lumières sur des suspects potentiels et crédibles jusqu'au dénouement. Il sait doser ses effets. Prenons uniquement comme exemple un passage où le tueur, après avoir manifesté des pensées malveillantes à l'égard même de la policière, se rend chez elle. Il la tue et la télévision rend compte de ce meurtre sous les yeux écarquillés d'une Alexandra Hemingway qui comprend en même temps que le lecteur que la morte en question est sa sœur venue en vacances, et qui a eu le malheur d'ouvrir la porte au mauvais moment. Du coup, cette montée du suspense jusqu'aux dernières lignes laisse un léger goût amer, comme souvent lorsque la résolution n'atteint pas les sommets attendus. Pourtant, la fin est abrupte mais éminemment crédible.
Derrière l'enquête, Robert Pobi dessine avec soin le personnage de son inspectrice, une policière bien dans la tradition des thrillers : ennuis personnels et familiaux, difficultés relationnelles avec ses collègues, un peu tête brûlée mais attachante et douée d'humour. Cela permet de ponctuer de légèreté une histoire rapide, portée par ses rebondissements et sa course contre la montre pour arrêter le coupable - pour qui sonne (alors) le glas.

Citation

Tyler Rochester n'arriva jamais chez lui. Tyler Rochester était devenu une statistique.

Rédacteur: Laurent Greusard dimanche 13 septembre 2015
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