La Chambre blanche

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Roman - Noir

La Chambre blanche

Politique - Social - Corruption - Urbain MAJ mardi 27 octobre 2015

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 22 €

Martyn Waites
The White Room - 2004
Traduit de l'anglais par Alexis G. Nolent
Paris : Rivages, septembre 2015
430 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-7436-3332-5
Coll. "Thriller"

La femme est l'avenir de l'homme

La Chambre blanche s'ouvre dans la noirceur la plus totale : à Newcastle, Jack, un vétéran de la Seconde Guerre mondiale, vit avec le souvenir de la libération des camps de concentration. Pour survivre, il travaille dans les abattoirs en tuant des bœufs assez réticents pour se faire liquider. Dans le même temps Monica, une jeune fille, se fait violer par son père, qui va aussi la louer à d'autres pédophiles. Elle deviendra prostituée. En parallèle, Dan Smith, un jeune leader socialiste qui a conquis la mairie de la ville essaie de changer la vie en améliorant les conditions de logement. Et les choses ne vont pas aller en s'améliorant. Tout d'abord, Monica va reproduire sur sa fille ce qu'elle a subi, puis un autre acteur du roman découvrira dans la violence de l'abattoir un exécutoire hélas insuffisant à sa propre violence. Enfin, les rêves socialistes se déforment en opération immobilières, malfaçons, corruptions et contrôles de l'ensemble par des gangsters qui blanchissent ainsi leurs profits. Mais un sort tout particulier est réservé aux femmes : violées, battues, échangées, voire offertes en option avec l'entreprise de leur mari, elles subissent leurs sorts et seule l'une des protagonistes du roman de Martyn Waites parviendra dans la douleur à vivre tranquillement et presque normalement.
La Chambre blanche est une tragédie dont quasiment tous les personnages qui ouvrent le roman se retrouveront morts à la fin. L'intrigue s'étire par plongées successives dans la ville de Newcastle entre 1945 et 1974. Nous allons suivre la famille Bell et ceux qui tournent autour. les destins se croisent, entrent en friction, s'éloignent ou se rejoignent. La Chambre blanche est rythmée par des musiques qui la ponctuent et qui même pour des Français l'installent dans le paysage : des big bands à Jimmy Hendrix, c'est toute un époque qui revit. Mais on reste dans la grande tradition du roman anglais : on choisit un lieu, et l'on décrit avec soin les liaisons entre politiciens véreux, les riches parrains locaux et les petits gangsters du cru qui tentent de se faire leur place sous les nuages et la brume. Au milieu de ce capharnaüm, des gens de bien essaient de vivre honnêtement, mais c'est éminemment compliqué et ce sont généralement eux qui paient les pots cassés. Martyn Waites sait reconstituer les époques. Il crée des personnes qui sont à la fois des humains et les jouets de la société, et il le fait avec une économie de moyens, sachant raconter des scènes intimes comme des scènes de bagarre ou des "massacres" avec l'intensité et l'émotion nécessaire, restant pudique même en décrivant des horreurs. La Chambre blanche s'ouvre donc sur l'horreur, décrit trente ans de la vie avant de s'achever sur une possibilité de rédemption, un espoir, comme une bouffée d'air salutaire et qui sonne quand même juste. Un espoir qui passe par les femmes, comme un rappel de la célèbre phrase de Louis Aragon, comme le rêve d'une vie meilleure que voulaient les socialistes anglais de 1945 avant de mettre les mains dans le cambouis et d'y découvrir des petits diamants.

Citation

Il n'avait rien fait de mal. Il en était absolument convaincu. Il y en avait d'autres, bien pires que lui, qui avaient fait bien pire que lui, et qui s'en tiraient sans une égratignure.

Rédacteur: Laurent Greusard mardi 27 octobre 2015
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