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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Marie Ploux
Paris : Bragelonne, août 2016
330 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 979-10-281-0087-2
Coll. "Thriller"
Glace sentimentale
La poussière d'os, ou comme le dit mieux le titre original le blanc poussière d'os, désigne une couleur d'un blanc qui tire vers le grisé. Aussi, le roman est-il lui aussi composé avec de nombreuses teintes de blanc. Tout d'abord, il se situe en plein hiver, au milieu des neiges qui tombent dans un Montana rural. Ensuite, lorsque l'action se déplacera, nous serons dans un hôpital - domaine là aussi du blanc. Grace Adams, l'héroïne de ce premier roman de Karin Salvalaggio, en sort car elle vient d'être transplantée du cœur, et elle va y retourner car elle vient de voir une chose effroyable. Car le blanc (à supposer que ce soit bien une couleur) ne se voit parfaitement que s'il se trouve en opposition à d'autres couleurs. C'est pour cela que le roman s'ouvre par la vision de la jeune héroïne : elle regarde la neige immaculée autour de sa maison lorsqu'elle aperçoit une tache noire qui s'y agite, puis une deuxième avant que tout ne vire au rouge. Deux silhouettes dans la neige dont l'une tue l'autre. Avant de mourir, la victime a le temps de dire à la jeune fille qu'elle est sa mère disparue depuis des années.
La romancière américaine est cultivée. Elle sait que si elle raconte une histoire policière sous la neige, elle doit faire intervenir dans l'histoire une femme flic enceinte. Aussi, avec la détective Macy Greeley, c'est une jeune femme, enceinte jusqu'aux yeux, qui arrive pour enquêter sur le meurtre de la mère. Mais elle a fort à faire car si la mère avait disparu des années c'est avant tout parce qu'elle était impliquée dans un sombre trafic entre les États-Unis et le Canada. En effet, sous couvert d'une entreprise de transport routiers, un groupe faisait transiter par cette frontière bon nombre de produits illégaux. Tout le réseau avait commencé à vaciller lorsque justement la jeune fille avait aidé quelques prostituées à fuir de l'un des camions.
Les premières pages du roman installent un climat intéressant avec une jeune fille isolée, une communauté villageoise, une femme flic engoncée dans son corps pesant. Mais, très - trop - rapidement le récit s'enlise dans les lits d'hôpital, dans des scènes de vie intimiste, des morceaux de vie, des éléments du passé et les affres sentimentaux de la détective et d'autres personnages, dont un ambulancier pris entre plusieurs affaires de cœur et qui, de par sa fonction, se trouve souvent sur l'ensemble des lieux où le sang se répand. À force de trop jouer sur le blanc, le roman devient transperçant, immaculé, et finit par nous laisser de glace.
Citation
Jared penche la tête pour mieux rassembler ses forces. Plus loin l'eau noire est houleuse, les plaques de glace se brisent. Il glisse sur le ventre pour repartir en arrière, aussi vite qu'il l'ose.