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Le Silence pour toujours
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (Irlande) par Fabienne Duvigneau
Paris : Rivages, janvier 2017
318 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-7436-3860-3
Coll. "Thriller"
Gorgée de bière poisseuse
Le passé et le présent s'interpénètrent. Les fautes des parents rejaillissent sur les enfants. La mort est omniprésente et se cache derrière n'importe quel coin de rue. Lorsque vous habitez en Irlande, cette sensation est encore plus présente car vous venez de survivre à ce qui fut sans doute l'une des dernières guerres civiles européennes. Dans ce nouveau roman de Stuart Neville, il sera donc question de blessures, de failles discrètes qui, au fil des années, deviennent des gouffres béants. C'est dans cet univers que navigue Jack Lennon, homme seul, policier qui a préféré son honneur et les grands principes aux mesquineries de la loi et qui, du coup, est sous le coup d'une enquête de l'inspection des services. Pendant qu'il s'enfonce ainsi, il doit s'occuper de sa fille que le reste de la famille tente de lui voler. Lorsqu'il rencontre une jeune femme qui lui demande un coup de main, il l'écoute, mais à peine est-il parti qu'elle est tuée et qu'il devient un suspect idéal.
Le coup de main de Stuart Neville consiste à se poser des questions sur l'oncle de la morte d'autant qu'il a, semble-t-il, conservé des preuves qui indiquent qu'il a été un tueur en série particulièrement actif habitué à "travailler" avec un "collègue en crime". Et puis certaines photos montrent cet oncle et son frère au milieu des volontaires loyalistes qui ont combattu l'IRA. Tous les personnages de ce roman sont hantés par la mort de la policière qui est atteinte d'un cancer qu'elle n'ose pas annoncer à la mère de la victime qui se demande si son mari n'est pas l'assassin en passant par le père qui pense à sa carrière sans se préoccuper de morts qui encombrent sa route professionnelle, et surtout ce couple de tueurs en série qui sévit calmement depuis des décennies. En fond de décor, des cadavres cachés dans la ville par les assassins, des anciens terroristes qui se demandent comment revenir à une vie normale, un policier dépassé et qui veut garder sa fille, seule lumière dans ce monde ténébreux.
Le Silence pour toujours est un requiem. Chaque chapitre se répond pour décrire un univers effondré, des ruines, des âmes qui errent en peine. Le roman ressemble aux villes d'Irlande dans les quartiers qui n'ont pas été rénovés pour les yuppies, les touristes et les grandes multinationales défiscalisées. Un univers passé si sombre qu'il suinte encore entre chaque brique rouge, le long de chaque pavé. Noir et sombre comme le visage de Michael Caine dans Get Carter, comme une Guiness, bière sombre et collante, poisseuse, comme la vie dans un roman noir de qualité, et Le Silence pour toujours est un roman noir d'une sacrée qualité !
Citation
Raymond Drew voulait mourir sur le chemin de halage. Au bord de la rivière, même s'il n'y avait pas de soleil, pas de ciel bleu sous lequel en finir avec la vie. Et tant pis si la terre était détrempée par la pluie quand il s'effondrerait.