Contenu
Le Vrai du faux, et même pire
Poche
Inédit
Tout public
230 p. ; 19 x 12 cm
ISBN 978-2-919066-56-8
Coll. "Polars"
La vérité du faux et la fausseté du vrai
La couverture de ce roman de Martine Nougué interpelle car elle met en avant des sculptures représentent des humains, grandeur nature, réalisées par Joël Bast. Elles sont fabriquées à partir de papier mâché et certaines d'entre elles semblent extrêmement réalistes. Elle introduisent ainsi la thématique du vrai et faux qui va parcourir le roman. Au cours de l'intrigue, il va être fait référence à une affaire qui a défrayé la chronique : dans un village du Gard, une intoxication à la farine corrompue a eu des effets comparables à ceux d'une prise de LSD. Prendre des hallucinogènes est aussi une façon de voir une autre réalité, de déformer la vérité des faits, de transformer du vrai en faux. Ici, ce sont des chats qui vont être drogués et qui se précipiteront sur les touristes dans une scène digne des Oiseaux de ce bon vieux Alfred Hitchcock.
Toute l'enquête tourne autour de la disparition de trois personnages connus du village - un proxénète, un producteur d'huitres et une petite frappe. Là où l'on s'attendrait à de la peur et de la recherche, les habitants ne semblent pas s'en soucier. Au contraire, lorsque le cadavre de l'un d'eux est retrouvé, sa famille tente de l'enterrer sans même en référer à la police. Jocelyn, l'un des disparus est à l'image de cette dichotomie entre la vérité et le mensonge : gros producteur de coquillage, il est soupçonné d'embaucher des voleurs pour détourner les productions de ses concurrents, parfois pour s'en voler à lui-même, histoire de détourner les suspicions et de gruger les assurances ! Et le bruit court qu'il y a derrière tout cela, des sectes, le diable ou la CIA ! Le capitaine Pénélope Cissé, au cœur de l'intrigue, entre deux difficultés d'ordre familial, essaie de démêler le vrai du faux entre les faux-semblants, les rues labyrinthiques et les sinuosités des comportements humains : tout est compliqué. Elle sera aidée par une vieille femme qui habite dans le quartier de La Pointe où vivaient les disparus et un policier à la retraite. Mais sont-ils des gens de toute bonne foi ?
Même si l'intrigue est légère, bondissante comme les chats qu'elle décrit, c'est surtout dans l'atmosphère créée, dans cette lente valse hésitation entre le vrai et le faux, que le roman obtient les meilleurs effets. On se demande même si l'auteure n'aurait pas parsemé, elle aussi, ses pages, avec quelques miettes de substances hallucinogènes, car le lecteur est pris dans ce brouillard où il est possible de perdre des certitudes. Le tout est saupoudré d'un humour discret, né du regard attentif de Martine Nougué sur des personnages et des situations qu'elle doit observer in situ et qu'elle reconstruit avec soin.
Citation
L'usine chimique... y font des essais... pour des labos... et des épandages, aussi, sur nos têtes, avec des avions... et évidemment, les cobayes, c'est nous.