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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit du par Dominique Haas
Paris : Robert Laffont, novembre 2017
406 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-221-19856-8
Coll. "La Bête noire"
L'île aux trente suicidés
On connaît un peu les îles anglo-normandes car il leur arrive de défrayer la chronique sur fond de scandales de paradis fiscaux. Mais on les connait également par leurs côtés médiévaux encore présents dans la vie politique, par leur isolement alors qu'elles sont si proches, par leur proximité avec la France - et l'on pense aussi à Victor Hugo ou à un très bon roman de Hervé Jaouen qui s'y déroulait il y a quelques années Hôpital souterrain basé à Jersey. La Griffe du diable, premier roman de Lara Dearman, se déroule surs l'île voisine de Guernesey. Comme toute île, c'est à la fois pour l'extérieur un milieu exotique et empli de mystère, et pour les locaux une sorte de gros village où tous se connaissent et sont bien obligés de cohabiter. Jennifer Dorey, elle, a fui cette île, mais peut-on réellement fuir son enfance ? Aussi y revient-elle pour y devenir journaliste. Chargée des petites fêtes, des mariages locaux et autres joies de l'échotier insulaire, Jennifer Dorey va assister à la découverte sur la plage d'une noyée. Son instinct de journaliste lui impose d'en savoir plus, et lentement elle fait émerger une autre histoire que celle que l'on connaît : à intervalles réguliers, des jeunes filles se suicident en se noyant. Qui plus est avec des traces de scarifications qui ressemblent étrangement aux marques que le diable aurait laissé dans les rochers environnants. Alors que Jennifer Dorey progresse avec l'aide d'un vieux policier et malgré un rédacteur en chef qui aimerait qu'elle arrête ses investigations qui menacent la cohésion de la petite communauté (dans un espace clos où tout le monde se surveille, chacun à un secret à conserver et il subsiste encore aujourd'hui des traces de l'occupation allemande - et pas uniquement des traces matérielles comme ces blockhaus qui surplombent l'île), le roman nous permet de découvrir les lieux, sa beauté sauvage, son histoire chaotique.
Le récit de Lara Dearman est mené de manière éminemment classique. Sa piste fantastique se sème à plusieurs endroits sans vraiment éclore, peut-être parce que des chapitres intercalés nous permettent de suivre la genèse et les motivations du tueur. Quelques petites remarques de l'auteure qui est née et a vécu à Guernesey montrent bien qu'il est difficile à la fois d'y vivre et à la fois de partir. Les personnages de la journaliste et du vieux policier permettent de maintenir l'attention sur la longueur, même si l'on a parfois du mal à se passionner par une intrigue qui prend son temps. Cela ressemble à ces séries télévisées anglaises comme Inspecteur Morse ou Inspecteur Barnaby, qui sont des séries d'assez bonne qualité mais qui ne sont en rien innovantes. Des séries que l'on regarde avec plaisir, mais qui sont aussi interchangeables. La Griffe du diable pourrait en être un épisode...
Citation
Il la guide dans la nuit. Elle trébuche et elle pleure. Et puis il la pousse. Dans le vide. Dans le noir.