Contenu
Un petit bijou de roman
Robin Mésange est journaliste dans une feuille de chou boulonnaise. Un jour qu'il photographie un orage au-dessus des falaises du cap Blanc-Nez, il capture sur son appareil la chute mortelle d'un promeneur. Un énième suicide à cet endroit de la côte propice aux gestes désespérés. Sauf qu'une des photos laisse apparaître une étrange tache jaune juste avant la chute. Sauf que la victime travaillait dans un lycée où l'on compte maintenant trois suicides en quelques mois. Sauf que Robin Mésange a lui aussi envie de plonger… dans les yeux magnifiquement bleus de Léa, le lieutenant de police auquel il a confié ses doutes.
Gagnons du temps : ce roman est une réussite d'humour, de suspense et de sensibilité. Robin Mésange, le personnage central, est le antihéros parfait auquel tous les lecteurs s'identifieront : simple, timide, rêveur, amoureux, honteux, maladroit, volontaire juste ce qu'il faut. Rien ne le prédestine à mener une enquête que tout le monde s'empresse de vouloir classer. Un banal concours de circonstances, un coup de foudre, une rencontre.
Suivant l'adage, Robin se hâte de rire de tout de peur d'en pleurer. Et c'est l'une des qualités premières de ce roman : l'humour. Mais de l'humour ciselé, travaillé, minuté. Les répliques font mouche, le timing est parfait et l'on devine – sans les sentir – les dizaines de relectures nécessaires à un tel tempo. L'humour comme carapace, l'humour comme seule arme de séduction quand on est persuadé n'avoir que ça pour plaire.
De l'humour et de l'amour. Un amour pudique, qui apparaît avec retenue et pudeur, mais qui vous touche. Robin qui rend visite à sa mère malade, Robin et sa vieille nourrice qu'il protège avec ardeur, Robin et Léa, son amour impossible, qui hante ses nuits, Robin en face de la beauté souillée… Mais aucune mièvrerie ! Juste une lézarde dans l'armure, par instants, à travers laquelle coulent une ou deux larmes, vite essuyées et combattues à coups de Pepito et de séries TV.
Le deuxième tour de force de Stéphane Lefebvre est d'arriver à alterner ces moments avec une fluidité et une lisibilité sans heurts ni accrocs. Ça coule, c'est limpide, c'est évident. Les moments de délires s'enchaînent aux passages plus intimes en vous cueillant à la gorge, puis laissent la place au suspense, aux rebondissements, au sordide parfois, le tout judicieusement parsemé de répliques et de métaphores d'une rare drôlerie.
Opale a gagné le prix VSD 2009 du polar. C'est tout sauf une erreur. À lire d'urgence.
On en parle : 813 n°105
Récompenses :
Prix du premier roman policier de la Ville de Lens 2010
Grand prix VSD du polar 2009
Nominations :
Prix du roman policier de Serre-Chevalier 2010
Prix du premier roman policier "Sang pour sang polar" 2010
Prix du roman policier de Serre-Chevalier 2010
Citation
C'était un peu comme des couleurs trop liquides sur la palette d'un peintre parkinsonien. Ou un caméléon qui aurait découvert par hasard la masturbation. Difficile à dire.