Comme des lions

Chaque centimètre des murs de la "pièce interdite" était gribouillé, annoté, non par des graffitis, la première interprétation qui lui vint à l'esprit, mais bien par une écriture rédigée à l'encre de chine à en juger par l'amoncellement d'encriers vides qui traînaient un peu partout sur le plancher.
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Roman - Thriller

Comme des lions

Braquage/Cambriolage - Vengeance - Trafic MAJ mercredi 13 mars 2019

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 22,5 €

Brian Panowich
Like Lions - 2018
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Laure Manceau
Arles : Actes Sud, mars 2019
302 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-330-11874-7
Coll. "Actes Noirs"

L'important c'est la famille

Il y a trois ans, Brian Panowich nous avait sorti Bull Mountain, un roman noir rural, violent et particulièrement attrayant, tout juste entaché d'une fin ouverte qui amenait une suite. Comme les lions est donc la suite de ce qui était un premier roman de la part de l'auteur américain de l'État de Géorgie. Autant le dire tout de suite : on retrouve tous les éléments qui ont fait le succès de Bull Mountain, et le roman se tient tout du long de l'intrigue. Clayton Burroughs, le shérif d'un bled paumé de Géorgie, traîne son spleen et une patte presque folle depuis qu'il a été obligé de tuer son propre frère. Il picole sévère et ça ne va pas très fort avec Kate, sa femme. Pourtant, ils ont eu un bébé. Mais il y a l'héritage du clan Burroughs. Pour ceux qui auraient raté l'épisode 1, le clan Burroughs régnait depuis plusieurs générations sans partage sur Bull Mountain (trafics d'armes, d'alcools et de drogues) jusqu'à ce que les Fédéraux s'en mêlent. Clayton, l'un des frères, était le vilain petit canard parti sur les sentiers de l'honorabilité, voire de la justice. Dès le début de Comme les lions, le décor change. Parce que le clan presque éradiqué suscite des convoitises. Surtout chez les Viner. C'est ainsi qu'au début du roman se déroule une tentative de braquage aussi hallucinante que jouissivement violente (avec l'apparition de Snails, un mastodonte). Bilan chez les assaillants : quelques morts et un survivant que Clayton abandonnera plus tard la tête sous l'eau un peu trop longtemps. Inutile de dire que le clan Viner entend se venger de ces morts. Du côté des Burroughs (ceux qui sont toujours dans l'entreprenariat illégal), on est convaincu de son bon droit, et on se met également à chercher le butin de guerre du clan, quelques deux millions de dollars cachés on ne sait où. Tout ça, c'est la version officielle. Car dans la version officieuse, un autre personnage – Vanessa ou Bessie May, c'est selon – semble tirer les ficelles. Fille unique du clan Viner, elle avait disparu du paysage familial et s'était acoquinée avec un gang de motards (bien connu). Grande lectrice de Steinbeck, qui ne supporte pas la moindre tache de sang sur son pantalon, elle ne se doute pas encore qu'elle va en faire couler, du sang, en veux-tu, en voilà (même si au vu de son intelligence elle doit s'en douter ; mais elle semble aussi présomptueuse, comme d'autres personnages du roman, ce qui est une profonde erreur), et qu'elle va étrangement contribuer à ce que le couple en déliquescence Clayton-Kate se rabiboche. Le canevas de cette intrigue est somme toute classique, mais bien amené. Les personnages sont tous plus ou moins du même tonneau (taiseux, arrogants, violents et n'aimant pas la contradiction). Surtout, pour eux, l'important c'est la famille (à comprendre dans un sens large), et les actions des uns entrainent les réactions des autres, et tant pis si tout s'enchaine de façon apocalyptique. Mais, et c'est l'un des traits rassurants du récit, dans un monde où la bestialité et la cruauté ont fait alliance, c'est bel et bien une petite parcelle d'humanité qui permet de s'en sortir (avec l'aide cruelle certes de la bestialité précitée). Le roman se finit peu ou prou comme il avait commencé. Il est à craindre que les habitants des environs de Bull Mountain ne trouvent guère de répit... Brian Panowich a développé un style propre fait de froideur et de causticité (entre Elmore Leonard version Raylan et Harry Crews tendance Body pour les personnages ruraux saligauds). Il a le goût des images associées à des situations qu'il pousse à l'extrême. C'est un peu dans l'air du temps, mais c'est fait avec talent.

Citation

Coot Viner posa son Smith & Wesson .357 sur une étagère en aggloméré dans la cabane qu'il avait trouvée près des rapides. L'intérieur du réduit d'un mètre vingt sur deux était tapissé du sang séché de Freddy Tuten et ça puait la mort. Tate soutirait les informations comme personne, mais ses méthodes n'étaient pas très soignées.

Rédacteur: Julien Védrenne mercredi 13 mars 2019
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