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Chéri-Bibi volume 2 : Chéri-Bibi et Cécily
Grand format
Réédition
Tout public
Thierry Guitard (illustrateur)
Paris : Libertalia, novembre 2009
370 p. ; illustrations en noir & blanc ; 21 x 14 cm
Arrêt à Pont-Marie
Pour bien des raisons, il est recommandé de ne pas se tatouer sur le torse "À Cécily pour la vie" ni même de signer d'un tonitruant "Chéri-Bibi". Surtout si l'on utilise pour cela de l'encre faite avec le poison des plantes de la forêt vierge, ce qui rend la chose indétatouable... Par l'entremise du Kanak, Chéri-Bibi a revêtu la peau du marquis du Touchais (aventure narrée dans Les Cages flottantes) mais il a conservé son tatouage. Il peut cependant entrevoir une vie avec Cécily, celle qu'il aime depuis toujours. Par un heureux hasard, le Bayard, à bord duquel se tenaient les anciens compagnons d'infortune de Chéri-Bibi a été coulé par la Marine française. Avec lui, les derniers dépositaires de son secret. Car officiellement Chéri-Bibi est mort de maladie et le marquis du Touchais a dû payer une rançon pour recouvrer sa liberté. C'est dit, cette longue captivité associée à une grave maladie l'auront radicalement changé. Fini les frasques parisiennes, les infidélités à répétition et les festins pantagruéliques en compagnie de l'odieux Pont-Marie. Le marquis du Touchais devient avec l'âge et la raison un honnête homme qui n'a que trop fait souffrir sa femme, et qui doit alors suivre le long et dur chemin de la rédemption.
La Ficelle le suit pas à pas alors que Cécily tombe sous le charme de cet homme qu'elle ne reconnaît pas. Tout semble aller pour le mieux. La vieille marquise se meurt, le docteur Walter semble enfin trouver des limites à son art. C'est alors que Chéri-Bibi le rencontre et se rend compte qu'il ne s'agit pas moins que du Kanak ! Dans le même temps, resurgit Petit-Bon-Dieu, bientôt suivi de Gueule-de-Bois, Boule-de-Gomme, Va-Nu-Pieds et Rouquin ! La terrible bande en veut à l'immense fortune du marquis et n'a nullement été rassasiée par le million obtenu. Le Kanak, en laissant intact le tatouage de Chéri-Bibi, avait bien préparé son coup. Pour Chéri-Bibi, il est temps de revêtir sa véritable identité et de vieilles hardes afin de rallier tout ce beau monde à la raison. Épaulé par sa fidèle Ficelle, armé d'un pied-de-biche et aidé par la clémence d'un temps orageux qui permet de commettre les pires forfaits en toute impunité, Chéri-Bibi renait d'Outre-tombe et, avec lui, sa légendaire Fatalitas... car il n'est pas vrai qu'après la pluie vient le beau temps.
Les Cages flottantes nous avaient permis de découvrir un Chéri-Bibi injustement accusé d'un double-meurtre, mis au ban de la société et que le caractère endiablé et entier avait ainsi permis d'attirer à lui les sympathies des forçats et autres pirates, le catapultant au rang de légende vivante. Ses crimes d'alors nous semblaient justifiés et nous le plaignions de tout notre cœur. Sa nouvelle parure fait qu'il s'égare de crime en crime non plus pour défendre une juste cause mais pour empêcher que l'on ne touche à ses acquis. Crime ultime s'il en est, il trompe odieusement une femme en lui cachant qui il est réellement, continuant ici ses rapines qui, pour le coup, deviennent ulcérantes. Et ceci tout le long du roman sans aucune once de remords ! Évidemment, il va au théâtre, découvre Œdipe et Hamlet. Affronte les ires tragiques de la Fatalitas. Le malhonnête Chéri-Bibi s'est caché dans une écorce plus malhonnête encore : celle de celui par qui tous ses tourments sont arrivés. Les Dieux et le hasard sont cruels. Et l'homme a beau manier excellemment le pied-de-biche, il ne s'en prendra pas moins un retour prodigieux de bâton dans les dents. Le final dramatique au possible nous promet une suite que l'on attend avec impatience. Mais Chéri-Bibi tient maintenant plus de Fantomas que d'Arsène Lupin.
Rares sont les ouvrages réédités enrichis. De temps en temps, une préface précise ou précieuse. Les éditions Libertalia, Chéri-Bibi en soit loué, nous proposent des illustrations en noir et blanc et en pleine page de Thierry Guitard et une préface de Mathias Énard dans laquelle il s'attarde sur la recette de la morue espagnole. Thierry Guitard a pris, lui, la relève de Tôma Sickart. Il y a une belle continuité qui réussit cependant à se dédouaner de celle de son prédécesseur, et toujours, cette couverture qui est du meilleur aloi !
Citation
Ah ! ce Paris ! ce Paris ! s'écria Chéri-Bibi... je n'y remettrai plus jamais les pieds ! On rencontre un jour des amis en bonne santé ; le lendemain il n'en reste plus rien qu'un article qui les déshonore !