Sarah Jane

Comment pouvait-elle trouver le repos quand le seul fait de fermer les yeux ne suffisait pas à occulter les images ? Quelque chose en elle avait changé. Elle ne plus serait normale. Elle le savait.
Collectif & Yvan Fauth - Regarder le noir
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

La Cité sous les cendres
Dix ans ont passé depuis que Danny Ryan et son fils ont dû fuir Providence et la vengeance d'une fami...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

jeudi 21 novembre

Contenu

Roman - Noir

Sarah Jane

Psychologique - Social - Rural MAJ mardi 07 septembre 2021

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 19 €

James Sallis
Sarah Jane - 2019
Préface de Jean-Bernard Pouy
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Isabelle Maillet
Paris : Rivages, septembre 2021
206 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-7436-5365-1
Coll. "Noir"

Un polar poétique et philosophique

Comme toujours avec James Sallis, nous sommes dans le roman policier (ou parfois dans la science-fiction) mais jamais dans un monde connu, encore moins balisé. Les intrigues de l'auteur sont fluctuantes, des choses ne sont pas dites. James Sallis se souvient des grands maîtres du genre, et à leur instar il ne juge pas, mais montre des actions, développe des scènes, s'insinue dans les pensées des personnages et laisse au lecteur le soin de conclure, de construire son histoire. Ce roman ne fait pas exception à la règle. James Sallis va nous raconter la vie de Sarah Jane, le plus souvent d'ailleurs à l'aide d'un journal intime de la jeune femme, des détails de sa vie, ceux qu'elle veut bien nous dévoiler. Mais le polar est quand même là car il y a des disparitions étranges, des morts nébuleuses, et même un crime enfoui.

Après avoir parcouru le pays, vivant de petits métiers, dont notamment celui de cuisinière, Sarah Jane arrive dans une petite ville américaine du nom de Farr. C'est une ville qui vit sur sa gloire passée, où la majorité des habitants se connaissent, où la misère commence à serrer de plus en plus ses griffes sur une population rurale désemparée, et où les forces vives partent vers des horizons meilleurs. Elle est embauchée par Cal, le shérif local, avec qui elle entretient une relation amicale. Un jour, pourtant, Cal disparait. Est-il mort ? Nul ne le sait, même si quelques mois plus tard, il téléphone pour prendre des nouvelles et est content que Sarah Jane ait pris sa place. C'est un autre policier, un homme d'une autre ville, qui est retrouvé mort qui pose problème. Pourquoi est-il venu dans cette ville sans se faire connaître, pour finalement être abattu par on ne sait qui ? Un adjoint de Jane trouvera, bien malgré lui, la vérité.

Le récit ne se focalise pas sur ces événements mystérieux (même s'ils verront une conclusion plus ou moins allusive au final), mais bien sur la vie de Sarah Jane. Il est ponctué d'allers et retours sur sa vie passée, sur ses relations avec un homme. L'intrigue se ponctue de descriptions de la vie, de la faune et de la flore, sur des petites histoires mettant en scène tel ou tel habitant, sur des petits délits que la policière résout à sa façon, jouant plus sur une justice humaniste et réaliste que sur le respect de la loi stricto sensu. Par exemple, lorsqu'elle doit accompagner la police militaire à la recherche d'un déserteur, Sarah Jane les accompagne dans la ferme familiale mais ne leur signale pas que les traces de pas qu'elle voit pourraient les conduire au jeune homme caché. Ponctué régulièrement d'aphorismes, de sentences sur la vie, l'amour, les relations humaines - dignes des meilleures phrases philosophiques -, par un amour et une empathie que l'on sent sincère pour l'humanité populaire, Sarah Jane est un petit bijou, décalé, difficile à lâcher avant la fin et qui, régulièrement, vous oblige, à laisser le livre pour fermer les yeux et réfléchir, méditer, penser aux destinées des gens. Un voyage fort, prenant, initiatique, dans un monde, et James Sallis est définitivement un écrivain qui se mérite.

Citation

À huit heures, j'avais fini mon café, regardé la maman chat emporter la colombe dans la direction d'où elle était venue, pris une douche, déniché des vêtements propres et puisé assez de ressource en moi pour me trainer au boulot.

Rédacteur: Laurent Greusard mardi 07 septembre 2021
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page