G.A.V.

Mais Rembrandt ne m'émeut pas. Il pèse des tonnes. Moi, ce que j'aime, c'est un pinceau qui bouge, pas un pinceau qui touche. Un pinceau qui tire une pâte ductile et onctueuse, pas un pinceau qui superpose, amasse, accumule, grumelle des petites touches jusqu'à en maçonner la toile.
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jeudi 21 novembre

Contenu

Roman - Noir

G.A.V.

Psychologique - Social - Prison MAJ lundi 27 septembre 2021

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 22 €

Marin Fouqué
Arles : Actes Sud, août 2021
444 p. ; 22 x 12 cm
ISBN ISBN 978-2-330-15392-2
Coll. "Domaine français"

Une nuit ordinaire

Nous sommes dans un commissariat français. La nuit arrive. Il y a eu dans la cité voisine deux coups de feu, mais aucune trace de rien. La police est perplexe : qu'est-ce que cela cache. À tout hasard, Angel, un petit caïd local, est arrêté. Même s'il n'est pas coupable, il doit savoir quelque chose. Et il est proche d'un autre truand, que la police a envie d'alpaguer. Et puis, Angel a eu un père qui, sous couvert de truanderie, était aussi un indic. Alors si l'on peut parier sur la tradition familiale... Mais Angel a décidé de ne pas parler... Durant la nuit, d'autres individus vont se retrouver dans les cellules du commissariat : des militants d'ultra-gauche qui ont multiplié les provocations dans une manifestation, un vieux manifestant, une femme qui rêve d'être écrivain et en attendant s'esquinte dans des boulots pénibles, un jeune qui est le bouc émissaire d'autres jeunes. De l'autre côté du comptoir, il y a un policier fatigué, qui a de plus en plus de mal à croire en sa mission mais "fait le job" car il faut bien.

Comme l'intrigue pourrait le laisser penser, nous avons affaire à un roman choral, c'est-à-dire qu'avec plus ou moins d'importance, nous allons voir se suivre, voire se répondre, les différents protagonistes de cette garde à vue, ponctuée de scènes rudes où les policiers emploient diverses techniques pour faire craquer l'un ou l'autre. Marin Fouqué parvient avec force et conviction à se mettre dans la tête des uns et des autres, à rendre compte de leurs états d'âme, de leurs pulsions. Il n'y a jamais de jugement mais des descriptions de leur mode de fonctionnement, de pensées. Ces bouts de vie, ces fragments de rêves pour certains, de confrontations avec des dures réalités pour d'autres, sont autant de descriptions sociales et/ou psychologiques aiguisées. Paru dans une collection de "littérature blanche", le roman aurait pu aussi bien émigrer sans aucune honte dans la collection "Actes noirs". Le livre n'en demeure pas moins un bon rendu d'une nuit comme une autre dans un commissariat comme un autre, sur notre territoire. Un texte qui tient également par un style qui alterne entre des envolées plus classiques, puis des passages coups de poing, comme des poèmes ou des chants de rappeurs, donnant là aussi le tournis au lecteur, comme si ce dernier n'était que le sparring partner du champion. Un livre qui oscille entre la grandeur de ses personnages, l'amertume de leurs vies et le réel, qui se révèlera encore plus déprimant au final.

Citation

Direct, il prend la seconde main et réunit le tout en un bouquet de vingt doigts, deux paumes. Menottes. Inspire. Cardiaque. Serrant fort, appuyant de tout son poids sur votre nuque, il vous pousse d'un grand coup pour que ça avance : tête dans le sac.

Rédacteur: Laurent Greusard lundi 27 septembre 2021
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