Pas de littérature !

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Roman - Noir

Pas de littérature !

Pastiche - Enquête littéraire - Gang MAJ mardi 22 mars 2022

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 19 €

Sébastien Rutés
Paris : Gallimard, mars 2022
252 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-07-295476-4
Coll. "La Noire"

Actualités

  • 15/09 Festival: Vendanges noires à Lisle-sur-Tarn (83)
  • 11/03 Librairie: Pas de littérature pour Quilombo
    Sébastien Rutés est un homme au charme discret ce qui ne l'empêche pas de nous proposer des romans au style percutant quand il n'est pas déjanté. De lui, spécialiste des littératures hispaniques policières, inconditionnel de Paco Ignacio Taibo II, on avait fort apprécié Mictlán, une revisitation inspirée du Salaire de la peur. Le voilà de retour avec Pas de littérature !, sorte d'hommage à la "Série noire" en compagnie d'un traducteur malhabile qui se retrouve mêlé à une histoire de gangsters. Une enquête littéraire mais pas que. C'est de ce livre dont il sera question, en compagnie de l'auteur, le jeudi 31 mars 2022 à partir de 20 heures à la librairie parisienne Quilombo. Rappelons que Quilombo désigne une communauté brésilienne organisée d'esclaves marrons, et que le terme tire son origine du kimbundu, une langue bantoue de l'Angola. Mais ça, il est fort à parier que Gringoire Centon, le personnage malheureux du roman de Sébastien Rutés, ne le sait pas !

    Librairie Quilombo
    Date : jeudi 31 mars
    Horaire : 20 heures
    Adresse : 23 rue Voltaire - 75011 Paris
    Métro : Rue des Boulets ou Nation
    Liens : Mictlàn |Sébastien Rutés

Centon de solitude

L'histoire débute en avril 1950. Grégoire Centon est un imposteur de première qui a convaincu la Série Noire qu'il était traducteur alors qu'il ne fait que rajouter des tonnes d'argot aux traductions irréprochables de Gisèle, sa femme. Mais Grégoire va aussi se convaincre qu'il peut écrire son roman, le premier roman policier français qui sera publié à la Série Noire. Un Américain rencontré dans un troquet lui parle d'un manuscrit de Villon qui aurait refait surface. Et Grégoire Centon, esseulé, de se retrouver dans une situation difficile, voire rocambolesque : il devient un pion dans une guerre picrocholine entre le Sachem (un avatar du Pacha qui aime Rabelais)) et le mal-surnommé Jo le Chanceux. Le premier est lettré, le second joue les gros bras armés. Le premier est courtois, le second est courtaud. Le premier cite Villon et Vidocq, le second cause la poudre, et pas d'escampette. Grégoire Centon se mue en enquêteur à la recherche d'un ancien collabo censément mort mais toujours en vie. Puis, il se fait enlever par des parties diverses mais toutes du même côté de l'illégalité. Il doit écrire les mémoires du Sachem, il doit ne pas écrire de mémoires. Il croise un Annamite et Dizzie Gilespie, et se confronte à un monde en mutation dans lequel l'imposture est une posture. Surtout, il joue serré entre deux conflits dont il voudrait bien être étranger : une guerre des gangs sur fond d'évolution du trafic de drogue et une guerre idéologique entre l'Est et l'Ouest. Le roman de Sébastien Rutés est truculent, et il incombe de le prendre pour ce qu'il est : un pastiche malicieux du genre, une mise en abyme de l'enquête littéraire en même temps qu'une ode à l'amour d'une certaine littérature. Sébastien Rutés, qui écrit à "La Noire" chez Gallimard, avait déjà rendu hommage au Salaire de la peur avec Míctlan, son roman précédent. Ici, il s'émancipe et s'affranchit encore plus en rendant un roman joliment irrévérencieux et au style impeccable pour mieux cacher sa propre imposture d'écrivain absolument pas raté. Quant à son héros, Grégoire Centon, il n'est toujours pas remis de ses dernières surprises.

Citation

Prendre en chasse un traducteur littéraire ne requiert pas beaucoup de discrétion, devait-il croire. Un traducteur de poésie, je ne dis pas, mais je traduisais pour la Série Noire. Aussi théorique soit-elle, je tenais ma science de la filature des détectives américains, les meilleurs, et j'avais aussi appris comment fausser compagnie à mes poursuivants.

Rédacteur: Julien Védrenne lundi 13 janvier 2020
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