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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Jean-Paul Gratias
Paris : Rivages, janvier 2010
840 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-7436-2037-0
Coll. "Thriller"
L’autre histoire de l’Amérique
Tout commence à Los Angeles, 24 février 1964, "notez bien l'heure : 7 h 16 du matin, au sud de Los Angeles, à l'angle de la 84e Rue et de Budlong Avenue. La partie résidentielle du quartier noir. Des baraques merdiques avec des cours en terre battue". Un fourgon blindé de la Wells Fargo est attaqué. C'est sec, court, ça claque, le grand James Ellroy aux manettes du roman noir. Les convoyeurs sont butés, tout comme trois des braqueurs, et le quatrième se barre avec le butin : seize sacs de billets et quatorze mallettes remplies d'émeraudes. Affaire jamais résolue.
Saut dans le temps, PREMIÈRE PARTIE, "Bordel organisé : 24 juin–11 septembre 1968", l'Histoire de l'Amérique vue par le petit bout de la lorgnette, l'Histoire de l'Amérique comme vous ne l'avez jamais lue, le grand James Ellroy de retour aux affaires avec la conclusion magistrale de sa trilogie entamée avec American tabloïd et qui est la suite directe de American Death Trip. Impossible de résumer ça en si peu de place, la lecture est trop dense. Car ce qui frappe, c'est la masse d'informations qui vous arrive de plein fouet. Ellroy plante le décor et ses personnages principaux en moins de cinquante pages – prouesse technique terrible – et vous pensez que tout va se calmer… Non, non, non… Il vous faut tout lire avec attention, impossible de faire l'impasse sur une phrase, c'est un coup à manquer un élément majeur. Car Ellroy demande beaucoup à son lecteur (et il le lui rend bien vu la qualité du livre), ça change des best sellers prédigérés.
Vous allez donc plonger dans les méandres de la politique américaine entre 1968 et 1972, vous allez entrer chez Richard Nixon et John Edgard Hoover (on en parle, mais lui les fait parler !), rencontrer des flics corrompus, des agents double, triple, des infiltrés, des privés, des mercenaires, continuer de découvrir la face beaucoup moins reluisante de Howard Hugues et le tout avec une densité, une complexité qui forcent l'admiration : comment Ellroy en est-il venu à bout ? Comment a-t-il réussi à tout relier ? À ne pas se perdre dans ce labyrinthe ?
Et pour finir, comme annoncé en introduction, le retour au noir, SIXIÈME PARTIE, "Camarade Joan, 26 mars–11 mai 1972", dont les quinze premières pages sont folles d'intensité : un panoramique à trois cent soixante degrés sur tout le livre, qui arrive après sept cent cinquante pages, qui vous emmène encore plus loin, plus fort, vous ramenant aussi des années en arrière, avec le choc initial face au phénomène Ellroy. Stupéfiant.
Remballez les limites auxquelles vous aviez pu penser en terme de révolution du roman noir, avec ce pavé cauchemardesque de près de huit cent cinquante pages, James Ellroy, une fois de plus, dynamite le genre. Dans un maelström furieux, il conclue magistralement sa trilogie "Underworld" en continuant d'explorer l'Amérique secrète en cent trente et un chapitres alternant narration, écoutes téléphoniques, rapports…
Alors, un seul conseil, prenez deux jours de repos, isolez-vous, débranchez le téléphone coupez la sonnette et plongez !
On en parle : Alibis n°34 |La Vache qui lit n°110 |Carnet de la Noir'Rôde n°39
Nominations :
Trophée 813 Michèle Witta du roman étranger 2010
Citation
Enfin, bon, vous connaissez la musique. Vous supervisez les dossiers de ragots d'ordre général, vous les complétez avec des infos en provenance des indics. Parmi ceux-ci, vous avez des flics, des criminels qui demandent des faveurs, des journalistes, des poseurs de micros, des loufiats, des portiers, des chauffeurs, des huissiers qui récupèrent des biens, des employés d'hôtel, des piliers de bars et tous les frustrés de l'univers.