Contenu
Les Femmes qui craignaient les hommes
Poche
Réédition
Tout public
Traduit de l'anglais par Alexandre Prouvèze
Paris : Pocket, avril 2022
414 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-266-32291-1
Coll. "Thriller", 18537
Le féminicide en descriptions
Quelque part à Windringham non loin de Manchester dans une grosse maison qui ne paie pas de mine. Cette demeure abrite un groupe de femmes qui se "battent". Femmes elles même battues qui se sont regroupées dans cette maison pour se protéger des hommes. La responsable passe son temps à chercher des financements pour continuer sa mission. Elle dispose depuis peu de l'aide de Katie, une conseillère. Katie est une jeune femme dévouée et discrète. Les autres femmes ont un peu peur car il semblerait qu'un homme rôde parfois autour de la maison. Tout bascule lorsque l'on découvre le corps de Katie dans une rivière. S'est-elle suicidée ? A-t-elle été tuée ? Il est difficile de le savoir et la police doit enquêter. Withworth et Jaimie, son nouvel adjoint, sont chargés de l'enquête, une enquête difficile. D'une part, les autres femmes témoins des faits n'aiment pas trop la police qui a souvent soutenu d'une manière ou d'une autre leurs bourreaux. D'autre spart, il est déjà difficile de savoir s'il s'agit réellement d'un meurtre. Enfin, les premières investigations montrent que Katie "n'existe pas". Lentement, au fil des pages du roman de Jessica Moor, on comprendra pourquoi : Katie, elle-même, a été victime d'un prédateur. Nous allons donc suivre, par une suite de chapitres qui sont presque autant de flashback, comment un tendre amoureux s'est petit à petit transformé en un monstre enfermant et isolant la jeune femme. C'est pour cette raison qu'elle s'était résolu à s'enfuir et avait repris le nom de sa mère afin de ne pas être retrouvée. Finalement, les policiers retrouveront une lettre d'adieu de la jeune femme, mais ils aurons dans le même temps bouleversé la vie de la maisonnée, provoquant des remous qui continueront même après leur passage.
Si nous sommes allés assez loin dans le déroulé de l'intrigue, c'est parce que des rebondissements finaux changeront la perspective (des rebondissements qu'un lecteur très attentif aura repérés). Toutefois, malgré les rebondissements et l'enquête, le récit est plus centré sur les violences faites aux femmes - à travers la relation toxique de Katie et d'autre et une extrapolation nécessaire axée sur les conséquences désastreuses qui touchent les autres femmes (la maison forteresse, les conditions financières et l'apathie des forces de police). Les Femmes qui craignaient les hommes se rapproche donc plus de la littérature générale, évoquant un thème féministe et noir, que d'un récit policier ou noir. Mais ce n'est évidemment pas une raison suffisante pour ne pas lire ce premier roman de Jessica Moor, particulièrement bien construit et écrit de manière limpide, sans manichéisme.
Citation
Le corps avait été trouvé la veille, échoué en aval de Widringham. Le lieu, le sens du courant, la lividité - tout suggérait une chute depuis le vieux pont qui se situait dans le secteur du lieutenant Daniel Whitworth.