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Petit théâtre de la cruauté
Alors qu'un certain virus commence à faire des siennes, Florence Roberge, huit ans, est retrouvée seule par sa tante dans son appartement au-dessus de l'entreprise de dépannage de son père. Ses deux parents ont disparu, et on ne tarde pas à découvrir le cadavre de sa mère dans un congélateur. Est-ce le fait de Sébastien, le père, notoirement brutal, et qui reste introuvable ? Seule Florence le sait, mais elle ne parle pas. Que se passe-t-il dans la tête d'une enfant de huit ans ? La réponse se trouve dans ce journal intime qu'elle rédige, et où elle parle de ces moments où une force étrange se déclenche dans sa tête. Et la pousse à mal agir... Pourtant, une fillette de huit ans ne peut pas être le mal incarné, n'est-ce pas ?...
Il est très difficile de résumer le dernier roman de notre Québécois préféré (édité en France avec deux autres romans antérieurs, dont Aliss pour lequel nous avons dit tout le bien qu'il fallait en penser) : les flots en question sont les "flots de conscience" chers à James Joyce et à Virginia Woolf, ceux des extraits de ce journal qui nous sont proposés in extenso. Soit l'autoportrait d'une authentique psychopathe en culottes courtes qui rappelle les petites filles perverses qu'affectionnait la regrettée Anne Duguel. Mais le tout revu et corrigé par le Grand Guignol, tant Patrick Senécal ne recule pas devant l'horreur pure. Certes, ce parti-pris de flots de conscience peut être un brin répétitif, puisque l'action ne semble progresser que d'une horreur à une autre, mais l'auteur réussit véritablement à nous faire entrer dans la tête de cette graine de violence à travers sa vision de ses propres forfaits qu'elle justifie tant bien que mal et ses rapports avec les autres. Il est vrai que Patrick Senécal a un don particulier pour rendre crédibles ces "monstres humains" ainsi que leurs perversions, les rendant plus dérangeants encore par leur proximité. Le tout se clôt sur une pirouette où, sans déflorer, apparaît un personnage récurrent de l'auteur, et qui pourrait donner une suite explosive. En tout cas, Patrick Senécal est de retour dans notre pays, et c'est une bonne nouvelle.
Citation
Je me suis rendu compte qu'il y a plein d'affaires que maman ne fera plus. Elle ne fera plus rien. C'est ça, quand on est mort. On ne fait plus rien.