Contenu
Respirer le noir
Grand format
Inédit
Tout public
Karine Giébel (nouvelle)
Sophie Loubière (nouvelle)
Franck Bouysse (nouvelle)
Hervé Commère (nouvelle)
Dominique Maisons (nouvelle)
Barbara Abel (nouvelle)
François-Xavier Dillard (nouvelle)
Vincent Hauuy (nouvelle)
Mo Malo (nouvelle)
Chrystel Duchamp (nouvelle)
Adeline Dieudonné (nouvelle)
Jérôme Loubry (nouvelle)
Traduit du français par Fabrice Pointeau
Paris : Belfond, mai 2022
298 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-7144-9591-4
Coll. "Noir"
Affaire de sens
Yvan Fauth continue sa série de recueils de nouvelles avec un nouveau volet qui mélange les sens et le roman noir. Ce recueil de douze nouvelles de... treize auteurs offre une thématique qui tourne autour de la respiration, ce qui peut donner lieu à différentes interprétations. C'est ainsi que certains des nouvellistes ont décidé de travailler sur les odeurs et d'autres de s'occuper plutôt des poumons, parfois de manière un peu forcée, pour s'accorder au thème. Tout ça donne des textes différents avec un mélange d'auteurs connus (et qui, pour certains, sont déjà passés dans les anthologies précédentes) et d'autres moins (à cette occasion, disons d'ailleurs, que le directeur aurait pu nous offrir des fiches biographiques). Si certains textes ont une connotation policière, d'autres s'approchent du noir, d'autres encore regardent vers le futur. Ils présentent des situations clairement criminelles, parfois s'intéressent plus à un individu précis, chacun écrivant aussi avec ses propres obsessions et son style, ce qui permet une variété de tons, qui pourra plaire au lecteur (ou à l'inverse le repousser).
La première nouvelle évoque un tueur particulier qui n'a pu s'empêcher d'aller tuer un assassin qui avait été acquitté suite à une erreur judiciaire. Son odorat oscille entre l'odeur du sang et celui du laurier-rose. Sortant de prison, que fera-t-il ?. Celle de Sophie Loubière commence comme une bénédiction avec un homme qui a la capacité de repérer des maladies à l'aide de son odorat mais cette aptitude peut très vite se transformer en désespoir. Franck Bouysse, lui, s'amuse avec une maladie qui fait que son narrateur sent le poisson. Ce sera le seul homme heureux de l'arrivée du Covid. Mo Malo signe une nouvelle qui nous entraîne vers le Pôle nord (quand on sait qui se cache sous le pseudonyme, on comprend le clin d'œil) où il s'agit de retrouver le corps d'un célèbre scientifique disparu dans les glaces des années plus tôt. Mais en trouvant le corps, les explorateurs trouveront aussi leur mort. "Deux heures et trente minutes" est l'évocation d'une journée à l'Élysée avec la découverte du corps d'un agent d'entretien retrouvé mort, mais d'une mort naturelle sujette à toutes les thèses complotistes. Avec "Happy world" on entre dans un parc d'attraction, évidemment pour s'amuser en famille, mais dans le même temps des terroristes s'y invitent avec l'aide de gaz mortels pour entraîner une nouvelle vague de terreur. "Glandy" raconte la sombre soirée d'un petit ouvrier, alcoolique, qui le poussera à tuer sa femme. Le texte est un peu éloigné du thème comme le suivant où dans une province détruite par la crise, les locaux s'opposent aux nouveaux venus qui achètent des terrains pour une bouchée de pain. De même pour "Le Doux parfum du cimetière", évocation sensible des visites rendues par des gens sur les tombes de ceux qu'ils aiment, vue à travers le regard d'un enfant. Quant à "Miracle", il se vit dans le futur, un futur où chacun s'endette pour obtenir des ajouts augmentant les compétences. Un policier se sert alors d'une nouvelle expérience pour entrer dans la tête d'un coupable et trouver la solution à un crime. Mais des odeurs le poussent vers d'autres pistes par association d'idées. Et ce sont des odeurs de pourriture - mais de qui ? -, qui provoquent la chute du personnage de "L'Amour à mort". Le volume se conclut avec une nouvelle qui a acquis, sans le vouloir, une actualité brûlante, puisqu'elle évoque à travers la mort par empoisonnement d'un opposant russe, comment le poison se répand dans une ville.
Chaque lecteur trouvera son compte avec une nouvelle ou l'autre, avec un auteur qu'il retrouvera avec plaisir ou qu'il découvrira. L'ensemble est plaisant, sans texte vraiment fondamental, ni grand moment exceptionnel. On sent le métier et l'on s'ennuie peu, mais il manque en marge de la thématique une cohérence. Et puis on s'enthousiasme moyennement.
NdR- Le recueil comporte les nouvelles inédites suivantes : "Le parfum du laurier-rose" (traduit de l'anglais par Fabrice Pointeau), de Roger Jon Ellory ; "Respirer la mort", de Sophie Loubière ; "Je suis un poisson", de Franck Bouysse ; "Cristal qui sent", de Mo Malo ; "Deux heures et trente minutes", de Dominique Maisons ; "Happy world", de François-Xavier Dillard ; "Glandy", d'Adeline Dieudonné ; "Le Monde d'après", d'Hervé Commère ; "Miracle", de Vincent Hauuy ; "Les Doux parfums du cimetière", de Jérôme Loubry ; "L'Amour à mort", de Chrystel Duchamp ; "Petit nouveau", de Barbara Abel & Karine Giébel.
Citation
C'est vers l'âge de sept ans que Willy a commencé à développer des capacités olfactives particulières : ses narines captaient dans l'air certains fumets que seule une truffe de chien renifleur pouvait déceler.