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292 p. ; 21 x 13 cm
ISBN 978-2-9533461-0-7
Actualités
- 03/06 Auteur: La caravane 1948 de Victor Rizman se pose à Lyon
- 17/10 Prix littéraire: Lauriers à Cognac
Les lauréats des différents prix littéraires décernés à l'ouverture du festival polar de Cognac ont été désignés vendredi 15 octobre en soirée - des récompenses qui concernent pas moins de six catégories :
- Prix polar français ou francophone pour De fièvre et de sang, de Sire Cédric
- Prix polar international pour La Maison où je suis mort autrefois, de Keigo Higashino
- Prix polar jeunesse pour Les Enfants-rats, de Françoise Jay
- Prix Cognac de la meilleure bande annonce livre (création 2010) pour 40 ans, 6 morts et quelques jours, de Victor Rizman
- Prix Cognac du meilleur album "série" pour "Le Mystère Saint-Yves", premier tome de Fanch Karadec, une série signée Corbet & Heurteau
- Prix Cognac du meilleur album "One shot" pour Dernière station avant l'autoroute, de Mako, Didier Daeninckx et Hugues Pagan (Casterman)
Cette année les lauriers ne furent pas que livresques - de nouvelles récompenses ont été créées destinées au noir/polar cinématographique et télévisuel. Ainsi ont été décernés, le dimanche 17 octobre :
- le Prix polar du meilleur film français de cinéma à Une affaire d'État, réalisé par Éric Valette (d'après le roman de Dominique Manotti Nos fantastiques années fric)
- le Prix polar de la meilleure série internationale de télévision à l'épisode "Course contre la mort", appartenant à la treizième saison de la série Inspecteur Frost
- le Prix polar de la meilleure série française de télévision au premier épisode de la troisième saison d'Engrenages - réalisé par Manuel Boursinhac, diffusé sur Canal + et produit par Son & Lumière
- le Prix polar du meilleur film unitaire français de télévision à Obsession(s), réalisé par Frédéric Tellier et diffusé sur France 2 (production Little Big)
Pour retrouver le détail des présélections dans chacune des catégories, il suffit de se reporter aux pages du site du Cercle noir, rubrique "festivals". On remarque au passage que le rédacteur a interverti, dans son palmarès, le lauréat du prix de la Meilleure série télévisée française et celui du Meilleur téléfilm unitaire français...
Liens : La Maison où je suis mort autrefois |De fièvre et de sang |Nos fantastiques années fric |Dernière station avant l'autoroute |Dominique Manotti |Didier Daeninckx | Sire Cédric |Keigo Higashino |Victor Rizman |Festival polar de Cognac
Du bon usage de la pâtée pour chiens
Un publiciste est chargé de concevoir et d'animer une campagne dans les supermarchés afin de vendre de la nourriture pour chiens. Lorsqu'il rentre à la maison, il rencontre une femme dépressive qui rêve de tricots et une fille majorette. De retour à son travail, il est confronté à une vieille strip-teaseuse qui se trémousse, présent de ses collègues pour ses quarante ans. Son meilleur ami lui propose un l'adultère, et il se révolte ! Il va se faire passer pour une femme sur Internet, et draguer des hommes qu'il tuera et découpera en morceaux, le tout en liaison avec un site WWW qu'il va créer pour montrer ses exploits ! Joël Schmidt, un policier dépressif, et Sanglar, un journaliste borderline vont alors essayer de se mesurer à lui.
La thématique policière majeure de ces dernières années est sans nul doute celle du tueur en série. Les auteurs ont choisi divers angles d'attaque pour s'y glisser et et se différencier en se focalisant sur des axes différents : renforcement du gore, détails procéduriers pour les arrêter, tueurs inspirés par la Bible, les mythes grecs ou la série des Bisounours... Victor Rizman décide de s'y coller en changeant l'angle, de telle sorte qu'il est très difficile d'en parler sans dévoiler le sens profond de l'intrigue. En tout cas, pour renouveler une thématique, il est vrai que reprendre la même histoire en faisant un pas de côté comme il le fait est une grande gageure. Rizman tient bien son parti pris de suspense et de chute à étages. Comme une poupée russe ou un oignon, diverses couches se dévoilent dans les derniers chapitres. Les deux autres personnages sont assez décalés eux aussi pour renforcer l'étrangeté centrale : le policier a visiblement eu maille à partir avec un président de la République de petite taille et se console dans les bras d'une belle et jeune fille au pair ; le journaliste est un Marc Covet (celui des "Nestor Burma") encore plus déplumé et plus lamentable que l'original.
Le personnage central est un publiciste : le roman se devait de jouer aussi sur les apparences et tous les détails de la vie professionnelle, obligé de faire des casting de grands comédiens pour trouver celui qui ira faire de la vente sur site (vous savez les personnes que l'on croise au détour d'un rayon de supermarché et qui essaient de vous faire goûter un café ou de la pizza réchauffée) et sera capable de développer des phrases pour exciter les ménagères qui viennent acheter du Canigou ! Cette alternance entre dérision assumée, intrigue tracée au cordeau et atmosphère où tout suinte l'ennui de cette province française (le tueur en série essaie de relancer un culte égyptien en mélangeant la quête d'Osiris, les scarabées et les souvenirs d'une croisière en Égypte, ce qui fait encore plus ressortir l'ambiance putride des chambres d'hôtels minables où les victimes se font découper en morceaux) fait de 40 ans, 6 morts et quelques jours (un titre superbe et qui reflète bien cette ambivalence entre sauvagerie froide et ironie) un roman intelligent et prenant.
Nominations :
Prix Polar 2010
Citation
J'aimerais pouvoir parler, mais j'ai la langue bétonnée par des années de silence, la bouche collée par la honte. De temps en temps, du coin de l'œil, elle me regarde pleurer et ne rajoute rien. Le silence est encore plus incisif que ses phrases.