Les Yeux des morts

Éric se demanda si eux aussi, les flics de Saint-Gaudens, ils n'avaient pas été fabriqués en Chine, mal conçus, mal peints, avec des matériaux laissant tellement à désirer qu'aucune gosse n'avait envie de s'en approcher.
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jeudi 21 novembre

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Roman - Policier

Les Yeux des morts

Psychologique - Médical - Procédure MAJ jeudi 21 avril 2011

Comment éviter le premier accroc...

Les yeux des morts sont ceux de ces cadavres pris en photos par Gabriel, un gestionnaire de scène d'infraction de la PJ, et qu'il punaise sur les murs d'une pièce de son appartement. Ceux dans lesquels une croyance populaire affirmait que l'on pouvait voir le visage de leur assassin. Gabriel, une fois a plongé dans un de ces yeux pour mieux se voir, lui, en train de photographier le visage d'un mort. Avec Nadja, il forme un duo de choc cimenté par une ancienne relation terminée dans la douleur. Aux abords de l'hôpital parisien Lariboisière, un adolescent qui se shootait est retrouvé mort, du chlorure de potassium dans les veines et une minuscule coupure au scalpel à un poignet. Pour la PJ, au bout de sept jours, le dossier sera classé. Sans aucun doute un règlement de compte drogué-fournisseur. Seulement voilà, Gabriel n'y croit pas. Il est certain qu'un passager noir erre dans les couloirs de Lariboisière pour mettre fin aux douleurs de certains. Et pour le prouver, il ne va pas hésiter à faire une tentative de suicide au Lexomil et autres substances pour s'y retrouver. Une tentative de suicide qui risque fort d'entraîner une tentative de crime.
Se prénommer Elsa et intituler son roman Les Yeux des morts n'est certainement pas innocent. On a beau découvrir les citations en exergue des trois parties, on n'y trouve aucune référence à Aragon. Le seul autre rapport, assez tiré par les cheveux, réside dans justement ces trois parties (Triolet-trois : bof, bof). Elsa Marpeau, d'ailleurs, décline ses racines littéraires : Cormac McCarthy, Harry Crews et le Cantique des Cantiques. De quoi bien la cerner (en y rajoutant donc Aragon et Elsa Triolet). À partir de là, une seule certitude : le roman va être noir. D'autant plus noir que quasiment toute l'intrigue va se dérouler dans l'hôpital de Lariboisière, et que quiconque a effectué un séjour hospitalier sait que le blanc prédomine, et que donc le rouge et le noir vont trancher là-dessus. Les amateurs d'Urgences en seront pour leurs frais. Elsa Marpeau s'est attardée sur une équipe médicale de psychotiques névrosés, conduite par Louise Delaunay qui a du sang de serpent dans le corps. Et Gabriel, à force de sonder toutes ces personnalités va s'engouffrer dans un puits sans fond qui l'emmènera tout droit affronter ses propres démons. Et il en faut pour conserver tel un tueur en série une image des nombreux morts qu'il a côtoyés. Avec une écriture froide et chirurgicale, Elsa Marpeau déroule son intrigue, et s'attarde sur tous ses personnages avec évidemment priorité donnée à Gabriel. On lui pardonne la fin qui n'en finit pas tant ce roman ne laisse pas insensible, et remue quelque chose en nous. Preuve s'il en est que c'est un excellent roman de rentrée littéraire. Elsa Marpeau a évité le premier accroc...


On en parle : Alibis n°38 |La Tête en noir n°146

Nominations :
Prix Nouvel Obs BibliObs du roman noir français 2011
Prix des Lecteurs Quais du Polar 2011
Prix Mystère de la Critique 2011
Grand prix de la littérature policière - roman français 2011
Prix Polar Michel Lebrun 2011

Citation

Ses yeux avaient une lueur de sauvagerie. On aurait dit qu'elle voulait le mettre en pièces. Comparée à la race mâle, elle m'a semblé une bête tout aussi féroce.

Rédacteur: Julien Védrenne mardi 24 août 2010
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