Bienvenue dans le monde merveilleux des filles de quinze ans : féminité tapageuse calquée sur les magazines, ricanements imbéciles, méchanceté gratuite et loi du plus « tendance ». Pour survivre dans ce milieu hostile, Adélaïde a très vite compris qu'elle n'avait qu'une solution : faire comme tout le monde. À l'insu de ses parents, elle planque une panoplie chez sa grand-mère, et à la manière d'un super-héros, se métamorphose tous les matins en Adé, la plus branchée des filles du lycée : serrée dans son jean slim, elle baille en cours et pouffe de rire, ponctue ses phrases de « trop » à toutes les sauces, parle de sa « life », révise soigneusement ses notes à la baisse et traîne avec les filles les plus fashion de la classe. Et ça lui simplifie sacrément la vie.
Sauf qu'un jour, sa copine Mélanie Barbier est assassinée à la sortie de son cours de hip-hop. Quelques jours plus tard, c'est Pauline Dumas qui y passe. Un serial-killer a décidé de régler leur compte aux filles perdues et autres « gourgandines » qu'il fustige dans des tracts verbeux et alambiqués inspirés d'écrits moralistes du XVIe siècle sur la « mauvaiseté des femmes ». Émoi dans la ville, panique dans les familles. L'enquête piétine et Adé, sentant son tour venir, décide de prendre les choses en main.
À elles seules, les descriptions sans pitié des mœurs de ces adolescentes écervelées valent le détour. C'est drôle, c'est efficace, porté par un humour pince-sans-rire qui fait mouche et ne s'émeut pas de grand-chose, et surtout pas de coller quelques balles dans la tête à des filles un peu trop sûres d'elles et, il faut bien l'avouer, franchement agaçantes. Ajoutez à cela une intrigue bien ficelée, une galerie de personnages fantaisistes, et même un éléphant un poil cyclothymique, et vous obtenez un polar inattendu, ni moralisateur ni démago, à mettre entre les mains de toutes les lolitas en herbe pour une leçon d'auto-dérision pas forcement inutile.