Finaliste Grand prix de littérature policière – romans étrangers 2024
Une jeune femme exerce comme cam girl. C’est-à-dire qu’elle se trouve dans une cabine vidéo, qu’elle se filme alors qu’elle reçoit des messages d’internautes pour obtenir des éléments intimes. Un soir de novembre 2018, alors qu’elle commence son travail, un inconnu s’introduit dans son espace et la tue sous les yeux ébahis de ses lointains clients. Quelques semaines plus tard, Julita Wojcicka, une jeune journaliste, reçoit un message qui reprend la vidéo et lui demande de la disséquer. Elle s’aperçoit alors que le tueur n’est sans doute pas un psychopathe, mais quelqu’un de sensé qui a assassiné la jeune femme afin de s’emparer de quelques chose qu’elle possédait mais qu’il n’a pas trouvé. Qu’est-ce que cela pourrait bien être ? La journaliste va donc chercher à retrouver quel client aurait pu nouer des liens avec la jeune femme, comment le retrouver sous son pseudonyme et le rencontrer physiquement. En parallèle, Oleg est engagé comme modérateur sur un site en ligne, et Anita, une jeune femme qui commence à travailler sur la campagne d’un homme politique. Tous deux vont être amenés à se rencontrer car ils ne tardent pas à s’inquiéter de dérives, voire d’un trucage potentiel des élections qui se profilent…
Les différents fils narratifs vont se croiser pour présenter une vision un peu noire du futur proche polonais, sans doute de manière réaliste, comme l’ont révélé quelques scandales récents. Les amateurs trouveront peut-être un peu rapidement des hypothèses crédibles, notamment par rapport aux trucages potentiels, mais la façon dont Julita mène son enquête est une modèle de clarté (alors qu’elle utilise des ficelles informatiques complexes) et donne du punch au récit de Jakub Szamalek avec la mort de cette cam girl. Deuxième volet de la « Trilogie du Dark net », une série sur la Pologne contemporaine qui a découvert les joies du capitalisme et de la démocratie corrompue en quelques années, Datas sanglantes est un roman intéressant.