CHRONIQUES

livres • bandes dessinées • comics
Prix : 6.15
INFORMATIONS LIVRE
Édité chez
Collection :
Numéro collection : 871
ISBN : 978-2-7436-2366-1
Nombre de pages : 124
Format : 11x17cm
Année de parution : 2006
Titre original : Desvanecidos difuntos
Crédits
Traducteur(s) :
Contexte
CHRONIQUES > LIVRES >
8 / 10

Défunts disparus

Série :

Irrationnelle déduction

« Un type débarque au 221B Baker Street, Holmes l'invite à s'asseoir, l'observe attentivement et, devant un Watson totalement abasourdi, il lui dit : 'Vous, petit trou du cul, vous êtes journaliste, marié à une rousse et vous venez d'arrêter de fumer, ce qui vous rend très nerveux. Vous êtes gaucher, catholique, vous venez d'être démobilisé et revenez de la guerre des Boers, vous portez la montre de votre défunt père et vous avez mangé des cerises avant de venir ici.' Le type en reste sur le cul et avoue que c'est vrai. Que tout est vrai. Et alors, comme un con, tu te mets à adorer Sherlock Holmes et tu n'en as rien à cirer de toute l'explication que le foutu grand maigre de cocaïnomane te balance dessus. Il n'y a que la réalité pour être aussi chiante que la littérature. »

Medardo Rivera déteste le détective privé à la méthode déductive (il faut dire que l'on peut admettre qu'il y a pléthore d'autres déductions toutes aussi valables les unes que les autres qui auraient pu être émises à juste titre), et lui préfère un camarade parfaitement irrationnel. Alors ce sera le borgne Héctor Belascoáran Shayne. Sa mission ? Retrouver un mort qui ne l'est pas afin de l'innocenter d'un crime qu'il n'a pas commis car à l'instar de nombreux intellectuels et autres professeurs gauchistes, il a été incarcéré et torturé afin d'avouer un crime imaginaire. À partir de cette trame simplissime, Paco Ignacio Taibo II déroule son intrigue où il révèle la corruption de la police mexicaine en même temps que les collusions avec la justice, et l'inanité des preuves et autres alibis (il faudra qu'Héctor Belascoáran Shayne use d'un stratagème inouï pour parvenir à solder ses comptes et terminer victorieusement son enquête). Si le détective les solde, l'auteur les règle avec ce pauvre Arthur Conan Doyle. Et pourtant, l'on sait l'affection qui lie les deux auteurs à des décennies d'intervalle. L'on ne saurait trop conseiller à Paco Ignacio Taibo II une séance de spiritisme pour contacter son illustre prédécesseur (il lui faudra alors confronter accent anglais écossais et mexicain) pour discuter de vive voix de cette satanée méthode déductive. Il n'empêche que ce court roman tout en rythme se lit d'une traite avec plaisir, que retrouver Héctor Belascoáran Shayne est réjouissant, et que l'histoire racontée est à la fois belle et noire. Et c'est ainsi que la littérature est aussi surprenante que la réalité…

Article initialement paru le 29 mai 2012
Publié le 21 mai 2025
Mis à jour le 21 mai 2025
Héctor alluma une nouvelle cigarette au mégot de la précédente et observa les murs blancs qui entouraient la cour. Rien à faire, Medardo Rivera allait lui re-raconter l'histoire. C'était comme cela qu'étaient tous les maîtres d'école qu'il avait connus, y compris les bons.
CONTINUEZ VOTRE LECTURE..