De nos jours, dans les Alpes, le massif de l’Oisans se partage entre randonneurs, escaladeurs de sommets et skieurs. Une dizaine d’années auparavant, un homme y a été arrêté car il entrait dans des mines abandonnées pour récupérer des pierres recherchées par les collectionneurs et les vendre – méfait hautement interdit par la loi. En même temps, une femme disparaissait dans la montagne et son corps n’a jamais été retrouvé. Dix ans ont donc passé. L’homme revient dans la vallée et semble s’être assagi. Pendant ce temps, le mari de la femme disparue travaille dans un gîte de montagne qu’il gère pour accueillir touristes et randonneurs. Son fils l’aide, fait des escalades parfois dangereuses, comme s’il continuait à chercher des traces pour retrouver sa mère. Dans un autre gîte plus en altitude vit un couple dont la fille est l’amoureuse du garçon. Ce gîte est mal situé, en bord de glacier dont la fonte lente mais programmée à cause du dérèglement climatique commence à fissurer le bâtiment. En parallèle, un randonneur arrive sur le massif. Mais sa randonnée n’a pour but que de croiser deux espions étrangers à qui il doit remettre des clés USB sur lesquelles sont consignées des recherches classées « secret défense ». Mais le randonneur tombe et c’est le fils ou peut-être l’ancien chercheur de pierres qui a récupéré les clés. C’est alors que les deux espions se lancent dans la montagne.
Claude Barnier est lui-même un patron de gîte dans les Alpes, ce qui lui permet de décrire avec soin et de manière à la fois visible et réaliste le milieu montagnard. À travers cette course-poursuite sur les sommets, c’est une intrigue classique qui se greffe sur un décor et une vie quotidienne dépeints avec soin. L’enquête autour des espions, qui permettra aussi à un moment de revenir sur la disparition de la femme, est plus rythmée par des péripéties que par une véritable enquête mais elle donne un cadre nerveux à la description intéressante et bien amenée de la montagne et des métiers qui y sont liés. Destins tragiques à la Bérarde est un roman qui se lit avec le même plaisir que l’on peut avoir à regarder un bon feuilleton à la télévision.