CHRONIQUES

livres • bandes dessinées • comics
Prix : 20.9
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ISBN : 978-2-7024-3925-8
Nombre de pages : 300
Format : 15x23cm
Année de parution : 2013
Titre original : Gun Machine
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8 / 10

Gun machine

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Le calumet de la guerre

Tout pourrait commencer de manière normale pour ce duo de policiers : un locataire, devenu fou, crie dans les couloirs de son immeuble. Intervenant dans cette querelle de voisinage, John Tallow voit mourir son coéquipier Rosato et découvre un appartement mystérieux où un tueur en série a aligné les armes diverses qui lui ont permis de faire fonctionner son activité depuis une trentaine d'années. Évidemment tout serait trop simple et Warren Ellis est un redoutable auteur de comics, jouant avec les codes du genre depuis de longues années. Aussi, les tueurs en série, les policiers et les truands ne sont jamais ce qu'ils semblent être. Avec une histoire de tueur en série, on peut faire monter la pression par des flots d'hémoglobine ou par une tension permanente. Warren Ellis a choisi de jouer une tout autre carte : le policier qui enquête va découvrir que derrière le tueur en série se cache un plan machiavélique élaboré depuis une trentaine d'années par d'ambitieux arrivistes. Les meurtres n'ont rien à voir avec le hasard…
L'injonction d'une dose de fantasy permet de déplacer l'intrigue vers d'autres points, tous aussi captivants : le tueur est lié aux Amérindiens qui peuplaient New York avant l'arrivée des blancs, et dont, malgré sa modernité, la ville garde des traces. Cela est rendu par des visions intérieures du tueur qui serpentant dans les rues de New york, voyant des sentiers et des arbres là où il n'y a que du béton, et contemplant des bisons qui semblent vouloir s'arrêter aux feux rouges et l'écraser lorsque le feu repasse au vert. De même, l'appartement des trophées du tueur acquiert une autre signification et les peurs de certains protagonistes dans les rues de New York ne sont pas dues à la criminalité classique mais à ce retour du refoulé. Certains textes fantastiques ou d'horreur (on pense à la série « Manitou » de Graham Masterton) jouaient sur la sauvagerie des indiens et de leurs divinités venant se venger). Ici, la saga de l'indien apparait, malgré sa violence, comme une volonté de revenir aux sources, de recréer poétiquement un univers ancien, un monde d'avant la colonisation, un monde impossible mais à la beauté farouche, une allégorie visuelle qui pourrait avoir son correspondant si elle était mise en scène par Terry Gilliam (les animaux du zoo au début de L'Armée des 12 singes) et cette lutte entre le policier et le tueur tire le récit vers le mythe, vers une fraîcheur et une beauté naturelle qui emporte la conviction.

Article initialement paru le 10 février 2014
Publié le 21 mai 2025
Mis à jour le 21 mai 2025
À cet instant, John Tallow ne voyait aucune raison pour ne pas le crever, ce bâtard, alors il lâcha quatre bastos à tête creuse en travers de Regina et un pruneau dans sa minuscule tête de piaf.
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