Nous sommes en juillet 1944 dans un Berlin qui tient de plus en plus difficilement sous les bombardements alliés. Fritz Wilhelm von Brackwerde est un officier allemand responsable, au côté du comte de Stauffenberg, d’une nouvelle tentative d’assassinat sur Hitler. Tout semble au point. L’officier a obtenu des liens avec les principaux dirigeants de l’armée pour pouvoir prendre le pouvoir dès la mort du dictateur, mort dont doit se charger le comte en déposant une bombe sous la table de travail du Führer. À peine la mort du dictateur allemand annoncée, les troupes en Europe mettront en prison les forces hostiles, les nazis et prépareront une paix nécessaire avant que l’Allemagne ne soit exsangue. Mais il a face à lui un certain Maier chargé de surveiller et traquer les éventuels réfractaires. Il entend les laisser faire, car il est plutôt du côté des opposants, mais tout en conservant les atouts d’un double jeu, c’est-à-dire prêt à les arrêter, s’il ne peut pas faire autrement. Quand le complot se lance, des incertitudes apparaissent : les militaires sont-ils prêts à trahir leur propre serment ? Certains en prenant le temps de réfléchir (car les informations sur la mort d’Hitler ne sont pas arrivées malgré la certitude d’une explosion dans le bunker du dictateur) tandis que d’autres se mettent en route pour appuyer les comploteurs.
Le roman de Hans Helmut Kirst s’appuie sur les faits historiques, sur les informations données par les différents protagonistes qui ont survécu à la période et des études historiques. L’auteur reconstitue l’attentat du 20 juillet 1944 dans une construction classique, mais efficace : les préparatifs, l’attentat, puis les conséquences. Il montre les inquiétudes des comploteurs qui hésitent beaucoup, parfois pris avec leur serment de soutenir le Führer, développe les « suivistes » qui attendant la dernière minute pour voir d’où soufflera le vent. La trajectoire des protagonistes, au centre du roman, qui restent droits dans leurs bottes et refusent les concessions, apparaissent comme des âmes pures ce qui constitue une rareté au sein des élites allemandes de la période. Le roman est un moyen intéressant de revivre un moment historique important avec une intrigue sensible qui ne trahit pas les faits, ni n’en invente.