Ceux d'entre vous qui ont lu WonderlandZ savent que Jean-Luc Bizien a toujours une porte ouverte sur un univers surprenant. « La Cour des Miracles », sa nouvelle série dans la collection « Grands Détectives » de chez 10-18, nous plonge dans le Paris du XIXe siècle, où l'on rencontre Simon Bloomberg, aliéniste progressiste aux méthodes peu orthodoxes et Sarah Underwood, sa nouvelle gouvernante plongée au cœur du mode de vie déconcertant de la maison Bloomberg : avec une serre tropical squattée par un couple de singes peu accommodants, des collections de masques inquiétants dans l'entrée et, enfin, le cabinet où le docteur reçoit ses patients plus ou moins perturbés, la maison mérite amplement son surnom de Cour des Miracles.
Dans cette étrange bâtisse, les non-dits et les absences créent un climat oppressant dans lequel la jeune anglaise a tôt fait de s'engloutir. Où est au juste passée Mme Bloomberg ? Dans un Paris où les cadavres s'échappent de la morgue et où le spiritisme est la nouvelle fureur de la Haute Société, la police démêle comme autant de nouveaux mystères les assassinats que lui fournissent la rue.
Sans vouloir aller plus loin dans l'intrigue, il y a un peu de Jules Verne dans la mécanique qui se met en place, le démystificateur du Château des Carpathes, il y a aussi un peu de Serge Brussolo dans l'étude et le fonctionnement de certains personnages – Sarah Underwood -, par certains côtés (les médecins à blouse blanche et à grosses barbes, l'égyptologie), on pense aussi à Tardi et à son personnage d'Adèle Blanc-Sec par moments. Il y a surtout un suspense efficace et un rythme qui se trouvent dans l'alternance des points de vues, des moments de tension ou de comédie, des indices qu'on révèle ou que l'on cache.
Les bons polars souvent c'est comme les bons spectacles de magie, on a beau connaître le truc, on se fait avoir pour la centième fois. Forcément à la fin du tour, on applaudit… dans l'attente de la suite du numéro.