La vieille et irascible, mais riche tante Emily Dunseath reçoit sa famille proche dans sa demeure. On retrouve entre autres Ted, qui vient de se faire virer de son université, Jarvis Marsden, un chimiste, Homère Chalfonte, un aventurier, et son ami Ghopal Bose, un Hindou. Le soir, tout ce beau monde est réunit et s’extasie à la vue de l’émeraude sertie sur une bague de la tante, cadeau de feu son premier mari de retour des Indes. Surtout que cette émeraude émet sous un certain angle une fascinante lueur verte. Puis, avant de se coucher, Emily Dunseath propose à ses invités de faire des mots croisés. Pour elle, ce sera la dernière énigme ! Elle est retrouvée morte le lendemain dans sa chambre. La bague avec l’émeraude a disparu du coffre-fort où elle était rangée. Alors que Hardy et Burke, de la Brigade des assassinats du bureau de police central du comté, investissent les lieux, des grilles de mots croisés apparaissent ici et là délivrant des messages et pointant des suspects. Après quelques interrogatoires musclés et un nouveau mort, les deux enquêteurs ne savent plus quoi penser. Ils vont donc s’en remettre aux messages livrés par les mots croisés qui sont déposés ici et là dans une maison dont la bibliothèque recèle un espace secret.
PP 58-59 : LA PREMIÈRE GRILLE DE MOTS FLÉCHÉS (on notera page suivante : « Pendant cette heure, le détective avait fait venir Chalfonte dans la cuisine déserte et lui avait demandé des explications à propos de l’objet qui se trouvait mentionné dans les lignes verticales 6 et 25. »)
La Fascinante lueur verte est peut-être le premier livre-jeu sur fond de mots croisés à résoudre pour débusquer l’assassin. L’ingéniosité de Vincent Fuller, cet auteur anonyme, qui signe sous pseudonyme aux États-Unis en 1925 cet unique ouvrage, tient également par la très grande simplicité de l’intrigue, très linéaire, et du style, quasiment absent, laissant une certaine tonalité humoristique. L’auteur interpelle le lecteur dès les premières pages. La gageure, elle, apparait à la suite des grilles avec leurs définitions, quand il faut incorporer les réponses sans trop en dire de l’intrigue (mentionnées par un astérisque). Le livre a été adapté en français par François Coline, qui a dû également refaire les huit grilles du roman afin qu’elles puissent coller à des définitions françaises. L’assassin ne sera pas nommé autrement qu’au milieu d’une dernière grille complète. Pour le reste, il y a de l’exotisme sur fond de croyance hindoue (prévisible dès avant la rencontre entre Ghopal Bose et l’émeraude), un mystérieux poison (le léthodon), une embrouille policière pour perturber les suspects (le visionnage d’un film truqué d’une scène « vécue » pour amener à se découvrir) et une volonté de rendre un honorable pastiche en se moquant des méthodes policières et des témoins d’un crime qui agissent à tort et à travers dans la littérature policière pour orienter la police dans la bonne direction.
Jaquette avec ses rabats du Masque n° 17 illustrée par A. Masson.