CHRONIQUES

livres • bandes dessinées • comics
Prix : 20
INFORMATIONS LIVRE
Édité chez
Collection :
ISBN : 978-2-86746-570-3
Nombre de pages : 382
Format : 14x21cm
Année de parution : 2009
Titre original : La Playa de los ahogados
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8 / 10

La Plage des noyés

Série :

Ce marin a-t-il vraiment pêché ?

Domingo Villar nous sert une histoire à la trame relativement classique mais bien menée et prenante avec des notes d'humour apportée surtout par le personnage de Rafael Estévez dont son supérieur s'étonne souvent de la structure cérébrale lui semblant être rongée par l'acide. Tous les deux forment un tandem efficace qui donne envie d'en faire deux enquêteurs espagnols récurrents.

On a souvent de l'Espagne une belle image de carte postale remplie de couleurs saturées par le soleil éclatant dans un ciel bleu azur. Dans La Plage des noyés, le roman de Domingo Villar, on peut ranger tous les clichés ibériques au fond de son sac. C'est bien avec une impression de gris que le roman débute avec une pluie omniprésente qui vient s'ajouter au décor automnal de cette région de Galice bien fouettée par les vents et les embruns de l'Océan Atlantique.
Démêler le vrai du faux en plongeant dans le passé va être le travail du duo d'enquêteurs de Domingo Villar, l'inspecteur Leo Caldas, originaire de la région, et son adjoint, le pittoresque Rafael Estévez, Aragonais de naissance. Tous les deux ont beaucoup de tempérament mais sont diamétralement opposés. Caldas intériorise beaucoup, il semble presque toujours étonné de la popularité que lui donne sa participation à « La Patrouille sur les Ondes », une émission radiophonique où il endosse derrière le micro le rôle de consultant.
C'est son adjoint, le truculent Estévez qui arrive le premier sur les lieux de la découverte d'un corps, celui d'un homme retrouvé les mains attachées avec un lien en plastique. Tout semble indiquer une noyade. Les flots ont rejeté le corps sans vie de Justo Castelo, un marin du coin qui, en raison de sa chevelure particulière, était surnommé le Blond. Les premiers renseignements récoltés montrent que ce pêcheur était dernièrement très préoccupé. Caldas et Estévez ne croient pas à un acte désespéré d'autant qu'il est très difficile de s'attacher seul les mains !
Rapidement nos deux enquêteurs se rendent compte qu'il n'est pas aisé de mener des investigations et de tirer des ficelles dans ce monde de pêcheurs taciturnes. Il leur est beaucoup plus facile et coutumier de laisser courir les rumeurs enflées par des histoires de naufrages, de superstitions et de vengeances.
Pour beaucoup le coupable est connu. C'est le capitaine Sousa. Le problème est qu'il a péri en mer suite au naufrage de son bateau. Mais plusieurs habitants de Panxón sont certains de l'avoir aperçu et jurent qu'il est venu se venger. D'ailleurs n'a-t-il pas peint une date et une inscription sur la barque du Blond ? Alors pourquoi ne l'aurait-il pas tué ? Les langues vont bon train pour parler de ce fantôme et faire gonfler ce climat surnaturel. Mais il est beaucoup plus difficile de les faire vraiment parler.

Une des particularités du roman est que Domingo Villar a choisi de ne pas numéroter chacun des chapitres. Il a préféré les commencer par un mot ou un verbe accompagnés de leurs différentes définitions en guise d'éclairage sur ce qui va suivre, montrant qu'en toute chose il peut y avoir des nuances, des variations ou carrément un sens caché. Avec en trame de fond le regret sous toutes ses déclinaisons : que le sujet soit celui d'un parent proche, de l'être aimé, d'un acte qui force à se taire, qu'on porte comme un boulet, qui pousse à la crainte.
En fait La Plage des noyés est avant tout un roman qui manie toutes les formes qui font que les personnes se sentent mal durant des lustres.

Article initialement paru le 13 juin 2011
Publié le 21 mai 2025
Mis à jour le 21 mai 2025
Les cadavres n'étaient à ses yeux que des véhicules pour résoudre les affaires, des figures en noir et blanc. Cependant, chaque détail intime ajoutait une touche de couleur qui, peu à peu, faisait apparaître les être humains tapis derrière l'enquête criminelle.
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