Une vague de froid a déferlé sur la France, rendant, pour Paris, les approvisionnements difficiles. Les gens souffrent et leurs majestés font preuve de bonté. Nicolas Le Floch soupe en compagnie de ses amis, mais il est préoccupé par Aimée, sa maîtresse, qui lui cache quelque chose. De plus, l'enquête confiée par le roi sur le vol de porcelaines précieuses au château de Versailles, piétine. Au matin, Bourdeau vient le chercher pour une affaire urgente. La pluie de la nuit entraîne le dégel. Dans une de ces obélisques de glace, dressées par les Parisiens pour marquer leur reconnaissance au couple royal, on a découvert le cadavre d'une femme dévêtue. Après avoir calmé la populace qui grondait autour de l'obélisque, Nicolas Le Floch s'intéresse au voisinage pour en savoir plus sur l'édification de cette colonne. La maison proche est occupée par un majordome et une cuisinière. Le vieil homme explique qu'elle appartient à Philippe de Vainal, Président au Parlement qui s'en sert comme maison de plaisirs. D'ailleurs, il ajoute avec ironie : « Voici Hermine Vallard, la cuisinière, et femme de chambre à l'occasion. » Celle-ci, aux yeux de Nicolas, est trop bien habillée pour son statut. Pour elle, la colonne est là depuis deux jours. Transporté à la Basse-Geôle du Châtelet, le cadavre « commence à parler ». Il porte de nombreuses marques de coups et un éclat de porcelaine est fiché dans la nuque, la même porcelaine que celle volée à Versailles. Le corps recèle une surprise de taille. Cette femme ressemble de façon frappante à la reine Marie-Antoinette. Philippe de Vainal reçoit, dans sa maison de plaisirs, le duc de Chartres, un cousin du roi, endetté, prêt à toutes les combines financières. Nicolas se retrouve avec une affaire plus que délicate et dont il est loin d'imaginer toutes les ramifications…
Dans cet épisode, le douzième de la série, Jean-François Parot base une partie de son intrigue sur la haine qu'a suscité, en son temps, la reine Marie-Antoinette, une haine profonde tant des courtisans que du peuple. Était-elle cette femme méprisante, arrogante, ne pensant qu'à ses distractions, sans souci pour ses sujets ? Elle ne devait pas être la seule dans ce cas à Versailles et elle a, hélas , fait école car le nombre de gouvernants qui se foutent bien, une fois élus, de leurs concitoyens, ne cesse de croître. Qui dit haine dit violence, et les complots n'ont pas manqué pour la discréditer. Nicolas Le Floch est face à une nouvelle tentative avec une implication forte du cousin du roi (Ah la famille !). Pour résoudre cette affaire, qui semble retorse en diable, il est sur la brèche jour et nuit car il faut faire vite. Il met en action tout son réseau d'indicateurs, fréquente aussi bien les salons des grands, Versailles, que les bouges de la capitale, le Palais-Royal réputé pour une prostitution très active. Il rencontre, ainsi, toute une galerie de personnages fort singuliers, que ce soit une magicienne dénommée Voit la mort, Cagliostro l'imposteur, une revendeuse à la toilette, Casanova, un ouvrier à la manufacture de Sèvres, une maquerelle, un autre sosie de la reine…
Grâce à sa passion pour tout ce qui touche Paris et le XVIIIe siècle, Jean-François Parot fait revivre l'ambiance de cette année-là, multipliant les anecdotes, les mini-événements. Si les Parisiens manquent de tout – bois de chauffage, nourriture, à cause des rigueurs de l'hiver -, ce n'est pas le cas de la tribu de Nicolas Le Floch. Chaque occasion est bonne pour faire bombance, des agapes dont l'auteur décline le menu avec force détails tant dans la composition des mets que dans l'origine des produits et leur traitement.
Un nouvel épisode réussi qui conforte tout le bien que l'on peut penser de cette série érudite aux intrigues retorses.