Issa Walther, né d’une mère algérienne et d’un père allemand, ancien officier nazi, est recruté par un service secret allemand : ceux-ci ont décidé de soutenir la rébellion en Algérie et pour ce faire, engagent des agents aux origines algériennes afin de travailler pour eux sur le terrain. Issa Walther se retrouve donc en infiltration dans le pays où il est censé travailler comme éducateur coranique. Il a une très bonne culture religieuse même si ses vues ne sont pas forcément très orthodoxes. Toujours est-il qu’il enseigne en journée sa version du Coran aux enfants. Le reste du temps, il tente de rencontrer des soldats français, et plus particulièrement des hommes de la Légion étrangère afin de les convaincre de déserter. Il travaille aussi sur une filière qui essaie tout pareillement de convaincre ceux qui participent à l’aventure atomique française de fuir. C’est aussi un homme d’action qui accompagne parfois les candidats au départ dans le désert et les aide à passer la frontière, une frontière hérissée de barbelés et de champs de mine. Pourra-t-il continuer longtemps sa mission avant d’être repéré par l’armée française ?
Évoquant un aspect assez méconnu de la guerre d’Algérie, la participation d’autres pays européens pour essayer de limiter et de contrer l’influence et la force française, ce roman de Paul de Brancion vaut surtout par ses qualités littéraires et poétiques. Très axé sur le personnage, sur son travail d’exégèse religieuse peu conforme à ce que l’on pourrait croire, L’Armée des frontières offre de ce point de vue des qualités d’écriture (ce qui explique aussi le choix de l’éditeur, à tous les sens du terme). Ceux qui espéreraient une œuvre d’espionnage dense et précise risquent d’être déçus, ceux qui aiment de temps en temps sortir des sentiers battus y trouveront un charme certain.