Miceal O'Griafa et David Charrier viennent de faire paraitre chez Emmanuel Proust le premier volet du Baiser de l'orchidée, un diptyque policier où les influences américaines du premier se confrontent à celles plus asiatiques du second. La bande dessinée est à la fois policière, comic et noire avec des mouvements qui pourraient la classer dans le thriller.
Les deux hommes avaient déjà fait leurs gammes sur Cinq petits cochons, une adaptation d'un roman d'Agatha Christie, chez le même éditeur. Ils se retrouvent sur un scénario original conçu comme un triptyque. L'aspect touffu s'en ressent prenant le risque de perdre le lecteur. La bande dessinée part à cent à l'heure et dans beaucoup de sens. Une superhéroïne voleuse, la Shadow, très vite trahie, un griffon en or tout juste sorti de la Perse antique, un serial killer qui met ses proies – exclusivement des femmes – en scène avec un tableau mélange d'eau et d'orchidées -, et qui lui se rappelle au bon souvenir de deux amis d'enfance, orphelins comme lui, et qui ont suivi des voies différentes. L'un est devenu détective privé, l'autre inspecteur de police. Les deux ont une vision différente de la justice et des moyens d'y parvenir.
Pour rassembler toutes les pièces, il y a énormément d'heureuses coïncidences car le scénario est dense, très dense, mais les dessins, à l'image du scénario, qui prennent le risque de saturer, d'être asphyxiés par l'accumulation de textes s'acclimatent des influences des deux compères pour leur donner la beauté des œuvres métis.
De l'action, des mises en scène comme s'il en pleuvait, un dessin au diapason avec une attirance pour les regards et les jolies silhouettes féminines pour une bande dessinée inclassable car abordant énormément de genres en les décodant sciemment. Un premier volet qui attend forcément le second. Et il se murmure qu'une suite serait actuellement en construction cérébrale… Comme disaient les éditions Casterman : À suivre !