Au tournant du XXe siècle, les magiciens sont à la mode, et plus particulièrement les magiciens chinois. Aussi, William Ellsworth Robinson se grime-t-il en Chung Ling Soo pour jouer de l’effet mode et présenter ses tours impressionnants avec son assistante et compagne, Dot (même s’il commet quelques infidélités) et deux employés efficaces. C’est dans ces conditions qu’il doit se rendre à Vienne pour une série de représentations dans un prestigieux opéra. Dot et un assistant sont partis en avance pour régler les premiers détails. Mais Dot sort un soir avec l’argent qui doit servir à régler leurs frais et ses bijoux. Un homme l’aborde et va la dévaliser discrètement. Lorsqu’il arrive sur place, William est en colère et essaie de retrouver l’escroc, mais c’est difficile et surtout il le découvre vite extrêmement dangereux car l’homme fait partie d’un redoutable gang qui hante les bas-fonds de la ville.
Afin de gagner vite une grosse somme, le magicien accepte alors une soirée privée chez le riche Viennois Lueger. Cet homme organise cette soirée aussi afin de présenter deux prétendants de qualité à sa fille qui commence à « vieillir » et doit se marier. Mais elle n’est pas très chaude pour accepter cet arrangement. Dans la nuit qui suit le spectacle, un incendie éclate et l’on retrouve calcinés les corps de la jeune femme et de l’un de ses prétendants. Le deuxième est retrouvée chez lui, suicidé et s’accusant d’être à l’origine du sinistre. Mais un policier soupçonne autre chose et le magicien, qui pourrait être accusé, va l’aider à percer la vérité.
Jean-Luc Bizien est bien connu des amateurs de roman policier avec des histoires intéressantes. Ici, il commence, chez un nouvel éditeur, une nouvelle série mettant en scène un personnage ayant réellement existé, dans un décor qu’il reconstitue avec soin : la Vienne du début du XXe siècle, entre Freud et l’idéologie antisémite qui prend une place politique importante. Le métier du magicien qui sait qu’il faut toujours se méfier des apparences et ne pas regarder là où le coupable veut attirer l’attention et qui doit se déguiser, se grimer, pour devenir un Chinois qu’il n’est pas permet donc de mener tambour battant une enquête qui prend son essor dans la deuxième partie du livre, la première présentant les personnages centraux et détaillant une intrigue secondaire qui reviendra avec force dans la suite. L’intrigue est donc construite avec soin, maitrisée, la description des tours, voire leur explication racontée de manière vivante et l’enquête, même si elle est classique, est réussie. Voilà donc une série qui commence sous de biens bons auspices. Souhaitons-lui des suites aussi captivantes (celle-ci devrait commencer à Venise avec un mystérieux fantôme de l’opéra, joli jeu de références)