Il n’a pas de nom, et il tue. Voilà tout ce qui pourrait résumer ce court roman qui en son temps aurait eu sa place dans feu la collection « Gore ». Oui, car une fois de plus, les récits criminel et d’horreur s’entremêlent (tendance qui peut remonter à Thomas Harris et son fondateur Dragon Rouge et, chez nous, par l’arrivée sur le marché de certaines Rivières Pourpres de Jean-Christophe Grangé…) dans un récit en forme d’épure qui nous raconte la carrière de cet inconnu qui tue de façon particulièrement horrible sans en retirer de véritable plaisir et qui se considère plutôt comme un collectionneur. Sauf qu’il collectionne les meurtres au lieu des timbres… On peut trouver le tout tiré par les cheveux, sauf que les tueurs en séries (les vrais…) restent l’une des grandes énigmes de notre temps et que toute tentative d’en tirer des généralités depuis le travail nécessaire de Ressler, « primitif » au sens scientifique du terme, a été battu en brèche. Car notre tueur a sa propre logique dont il ne dévie pas au long de ces à peine cent pages qui réussissent à éviter la complaisance. Reste le talent réel de l’auteur qui se cache sous le pseudo de Jack Dessmesser et le métier évident à chaque page pour un texte qui aurait pu s’appeler De l’assassinat considéré comme un des beaux-arts (comme l’ouvrage de Thomas De Quincey) sans le clin d’œil final qui donne tout son sens au titre. On passera sur l’annonce de l’éditeur rattachant le tout au splatterpunk (il faut toujours acter sa sujétion à l’ami américain, n’est-ce pas…) qui n’a été qu’un feu de paille dans les années 1990, en-dehors des deux anthologies du même nom, pour être vite désavoué par tous les auteurs qu’on y incorpora de force (Lansdale, Skipp & Spector, David J. Schow, Poppy Z. Brite, etc), et qui, cité outre-Atlantique générera plutôt des regards d’incompréhension. Mais ce roman, Le Collectionneur de crimes horribles, est révélateur d’une tendance actuelle dont on ne peut que se réjouir : le renouveau du gore.