Eve Black vit depuis vingt ans avec son traumatisme : elle a été la seule survivante d’un tueur en série insaisissable surnommé le Courant d’Air, sévissant dans la région de Cork, qui a massacré le reste de sa famille. Un tueur qui s’est arrêté lorsque, pour une fois, il a couru le risque qu’un témoin puisse l’identifier. Depuis, Eve est toujours resté « la fille qui », celle qui a survécu au tueur qui n’a jamais été identifié. Elle porte aussi sa culpabilité, elle qui a trouvé la corde et le couteau que le tueur laissait à l’avance chez ses futures victimes sans se douter de leur usage. Aujourd’hui, le Courant d’air est redevenu Jim Doyle, ex-flic, agent de sécurité, avec vingt ans de plus, du ventre et une épouse. Mais Eve Black est décidée à parler et sort un livre sur son expérience et celle des autres victimes. Lorsqu’il s’aperçoit de son existence, Doyle est furieux de constater que ce témoin peut le mettre en danger, poussant jusqu’à se rendre à une de ses dédicaces. L’a-t-elle identifié ? Alors qu’il cherche un moyen de s’en débarrasser, le Courant d’air ignore que peut-être, sa victime prépare elle aussi son piège…
On commence à se méfier du thriller anglo-saxon, tant il usine des romans ni faits, ni à faire qu’il est obligatoire de considérer géniaux. Au moins, ici, ce n’est pas le cas. Catherine Ryan Howard se contente d’une histoire assez simple qui se déroule de façon relativement prévisible, mais sans les invraisemblances à hurler et autres rétentions d’information qui pourrit le genre de l’intérieur actuellement. La structure se veut inhabituelle en offrant un livre à l’intérieur du livre, celui d’Eve Black, qui offre des pages très intéressantes sur les conséquences d’un tel événement traumatique (même si on peut regretter le temps consacré aux autres victimes). L’auteure se permet même de brocarder les clichés que l’on imagine généralement sur les tueurs en série, largement discrédités par la criminologie moderne. Rien d’exceptionnel, juste un roman « pour insomniaques et ferroviaires », selon la formule bien connue, qui se lit agréablement sans rester en mémoire. Le polar, c’est aussi ça…