William Wisting, le personnage récurrent de Jørn Lier Horst, est toujours policier et garde un œil sur sa fille journaliste. Au début de cette nouvelle intrigue, ils vont se retrouver sur une même affaire. En effet, Tom Kerr, un tueur en série incarcéré, vient de dévoiler qu’il pourrait révéler l’endroit où il a enterré sa dernière victime. Une reconstitution sur les lieux est prévue dans la forêt d’Eftanglandet. Wisting est chargé d’assurer la sécurité de l’opération et il en profite pour demander à une équipe de documentaristes (dirigée par sa fille) de venir filmer la scène. En arrière-pensée, Wisting a comme idée que le tueur servira également d’appât car tout porte à croire qu’il a un complice, voire un mentor, surnommé l’Autre, et que ce dernier va essayer de profiter de l’occasion pour le faire évader avant qu’il ne le dénonce. L’évasion, qui a été bien préparée, est une réssite. Car si les policiers avaient prévu différents moyens de suivre le prisonnier, ils n’avaient pas envisagé que le tueur pourrait s’enfuir nu par la mer, rejoindre un bateau et prendre le large. Et tandis que Wisting doit subir les foudres de sa hiérarchie et qu’il est convoqué par la police des polices, dont le représentant est un policier qui n’avait pas réussi à le coincer lors d’une précédente confrontation et espère bien prendre sa revanche, y compris en laissant fuiter des éléments, il continue quand même à enquêter pour comprendre comment l’opération a pu échouer et retrouver les deux tueurs. Pour ce faire, il va s’appuyer aussi sur les éléments filmés par sa fille. Mais l’Autre est plutôt doué pour masquer ses traces…
Nouvelle enquête mettant en scène William Wisting, Le Mal en personne est un roman qui tente justement de répondre à la question suggérée par le titre, à savoir: comment quelqu’un peut-il être le Mal incarné ? Plus exactement, que se passe-t-il dans la tête d’un humain qui puisse motiver cette envie de faire le Mal ? Au sein d’une intrigue solidement construite, où différents points de vue et menaces diverses permettent de changer de sous-intrigue facilement, le roman de Jørn Lier Horst avance calmement, classiquement, mais de manière intelligente, pour se focaliser sur le personnage central, sans pour autant oublier les autres. La vie quotidienne et privée de plusieurs acteurs du livre permet au lecteur de suivre la série avec attention, comme un feuilleton bien mené, chaque épisode pouvant cependant se lire indépendamment. Le Mal en personne, quatorzième volet des enquêtes de William Wisting (les six premiers n’ont pas été publiés en France), prolonge une série de qualité, sérieuse, et bien montée.