CHRONIQUES

livres • bandes dessinées • comics
Prix : 21,90 €
INFORMATIONS LIVRE
Édité chez
ISBN : 978-2-213-73309-8
Nombre de pages : 312
Format : 22 X 14 CM
Année de parution : 2025
Crédits
Auteur(s) :
Contexte
Époque :
Pays :
CHRONIQUES > LIVRES >
8 / 10

Le Murmure des victimes

Auteur :

David Coulon réinterprète les contes (de fées) horrifiques en plantant son décor dans une maison isolée de tout. Une maison qui héberge une petite fille, deux femmes, un homme recherché par la police et des bruits étranges. L'auteur montre ainsi qu'il maîtrise bien la tension narrative et offre un thriller captivant.

Emma a huit ans alors que ses deux parents viennent d’être condamnés pour avoir abusé d’elle ou avoir laissé faire d’autres pédophiles. Elle doit donc se reconstruire dans une famille d’accueil composée de deux femmes. Ces dernières vivent leur amour tranquillement, loin des hommes qui les ont maltraités. Elles vivent dans une maison isolée, s’occupant d’enfants et construisant des marionnettes et autres décors pour des pièces ou des lectures de contes.  Lors des premières réunions avec des psychologues, ces derniers sont surpris des progrès d’Emma même s’ils ont d’autres sources d’inquiétude : la petite fille a du mal à dormir et entend des hurlements, des cris dans la nuit, comme si des monstres cernaient la maison. En même temps, Joaquim, qui est en famille avec une des deux femmes, qui travaille sur des contes, qui vit non loin de chez elles, file le parfait amour avec Karine. C’est du moins ce qu’il croit car il agit parfois en mari toxique. Lors d’une violente dispute, il tue sa femme et s’enfuit. Comme il n’est pas stupide, il assure ses arrières en laissant croire que le meurtrier pourrait être un amant. En attendant que les choses se tassent, il se cache dans la maison où habitent les deux femmes, dans une pièce cachée qu’il connait : en journée, il sait qu’il peut s’introduire dans la maison. Il parvient à ses fins et va épier le couple et Emma. Mais la nuit, lui aussi commence à entendre des bruits étranges comme si un fantôme ou un monstre se cachait également dans les murs. Pourtant si lui entend, les deux femmes ne semblent pas entendre ! Surdité partielle ? Cauchemars de sa part ? Que faire ?

David Coulon propose un récit qui s’inspire des contes de fées, et ce à plusieurs niveaux : des contes résumés et interprétés par un psychiatre parsèment son récit, la vie des protagonistes tourne autour des contes et, bien évidemment, pour aider Emma à dormir, on lui raconte des contes de fées. Il faut ajouter la maison isolée qui ressemble à une maison de sorcières même si elle est habitée par deux fées – à moins que ce ne soit que deux faces de la même médaille. Toujours est-il que le roman part de terreurs réelles, pour aller vers des terreurs imaginaires avant que l’on ne découvre qu’elles ne recouvrent qu’une autre horreur réelle. Le talent de David Coulon est de faire crisser les couteaux – on entend ainsi les lames qui tranchent, les cris qui percent, la violence capable de sortir de n’importe quel côté. Mené de main de maître, comme dans un conte, le récit est manipulateur. L’auteur vous prend par la main et vous entraîne dans son univers, entre fantasmagories et détails crus de réalisme, pour une histoire de vengeance, de résilience menée de bien étrange manière, sans qu’il soit possible d’en sortir. On imagine sans peine le film de terreur absolue qu’en aurait fait un réalisateur de bien mauvais genres.

Publié le 20 novembre 2025
Mis à jour le 20 novembre 2025
Emma regarde Joachim, puis Audrey, puis Naima, puis la forêt tout autour, comme si quelque chose allait surgir, un être malveillant ou un animal féérique, toute la peuplade imaginaire qui vit dans les contes et dans la forêt et qui n’existe pas. Mais non. Personne ne vient. Personne ne viendra.
CONTINUEZ VOTRE LECTURE..