Zofia Turbotynska, femme de la bonne bourgeoisie de Cracovie en cette année 1895, espère obtenir des petites gratifications pour que son mari monte en grade. Elle tente donc de nouer des liens dans les réseaux des bien-pensants de la ville pour s'amadouer les notables. Quand Karolina, sa femme de chambre, pose sa démission avant de disparaître, elle commence à s'inquiéter surtout que sa cuisinière lui rapporte une bien étrange histoire sur fond de beau ténébreux. Mais des bruits courent sur des promesses qui sont autant d'occasions d'appâter des jeunes femmes dans des réseaux de prostitution. Cependant, cette hypothèse sera détruite quelques heures plus tard quand on retrouvera le cadavre de la jeune domestique, violé et poignardé. Zofia Turbotynska, qui a déjà enquêté en amatrice peu de temps auparavant (Madame Mohr a disparu) renoue avec ses contacts policiers afin de savoir ce qui s'est passé. Mais le chef de la police qui a pu être un homme affable a l'air beaucoup plus réticent à l'aider à présent. Serait-ce parce qu'il est obnubilé par le passage de l'empereur dans la ville ?
Comme dans le précédent opus de cette série écrite sous pseudonyme, il faut apprécier l'idée – reconstituer l'histoire et les mentalités d'une petite ville de province polonaise aux alentours de 1900, en s'appuyant sur une intrigue policière légère, dans la tradition des histoires christiennes. Le roman joue sur l'humour décalé, sur un ricanement fin autour des valeurs bourgeoises et impériales, sur le côté corseté de l'époque (avec ici des contrastes saisissants puisqu'il est question avant tout de prostitution), pour proposer un moment agréable de détente, sans se prendre la tête, en terrain connu, sans graviers, ni à-coups. Avec en outre cette petite madeleine proustienne que sont des titres de chapitres à rallonge, suite de clins d'œil amusés, comme l'est le titre même du récit.