Une vieille dame coréenne dans une maison de retraite va raconter sa vie à une employée de la maison qui cherche à aider les personnes âgées. De fait, elle va raconter sa vie à travers 8 événements de son parcours : son enfance avant la Deuxième Guerre mondiale, entre une mère soumise et un père violent, puis un passage par les bordels militaires japonais et, après guerre, le fait de se retrouver en Corée du Nord où elle deviendra une espionne.
Comme le lecteur l’aura compris, l’idée de Mirinae Lee est assez simple, mais efficace : permettre à travers le destin d’une femme d’offrir le portrait de celle-ci ballottée par les événements tout en tentant de vivre ou survivre et d’y trouver sa place. Et puis de raconter l’Histoire de la Corée (des deux Corées) à travers quelques événements du XXe siècle. Le récit est donc construit autour d’une suite de ce qui pourrait s’apparenter à des nouvelles dans lesquelles on suit une même protagoniste et le fil de sa vie. D’ailleurs, il est à noter que certains chapitres de cet ouvrage sont parus de manière indépendante. L’ensemble est une reconstitution intelligemment menée, plus axée du côté littéraire, avec un personnage central très intéressant (qui se révèle être également une géophage, c’est-à-dire quelqu’un qui trouve de l’intérêt à manger la terre ce qui est pour le moins une activité un peu étrange), qui aide un peu à la compréhension d’un monde. Le tout mâtiné d’un brin d’espionnage et de guerres. Un livre poétique à la confluence des mauvais genres.