L’inspecteur Sadorski est peut-être un bon policier, mais c’est surtout un homme aux méthodes et aux idées « un peu détestables ». Aussi, dans les années 1940, il a travaillé pour la police parisienne, sans état d’âme d’autant plus qu’il partage une grande partie des idées du maréchal Pétain. Il a même collaboré avec la Gestapo et infiltré des réseaux de résistance pour mieux les dénoncer. Il a pris sous son aile une jeune fille juive qu’il a séduite, puis mise enceinte. Celle-ci a disparu et il a laissé l’enfant en garde chez une concierge qui a disparu à son tour. Grâce à ses talents d’enquêteur, il a participé à l’affaire Petiot et a obtenu d’un commissaire des faux papiers. Sous le nom de sa femme, avec qui il vivote. Nous sommes maintenant en mai 1945. Les choses se précipitent pour lui : le père de la jeune juive qui sait qu’elle se cachait chez lui vient le voir et ne comprend pas qu’il ne sache rien. En même temps, Sadorski apprend qu’une résistance qu’il a envoyé en camp est de retour. Il va voir si elle peut être une menace et apprend à l’occasion que la jeune juive est aussi vivante et risque de revenir. En parallèle, un procès en contumace est ouvert contre lui et des gens pourraient le reconnaitre (cela arrivera dans le livre). Pour avoir un peu d’argent, Sadorski accepte de travailler pour un juif américain qui recherche les tableaux et œuvres d’art confisqués pendant la guerre et qui pourraient encore se trouver en France entre les mains de collectionneurs ou de galeristes malhonnêtes. Sadorski se dit qu’il vaut mieux travailler pour avoir un peu d’argent afin de pouvoir fuir en Espagne. En même temps, il essaie de retrouver la trace de la concierge et surtout de son fils. Mais le temps presse et l’étau se resserre.
Huitième volume de la série, Les Revenants de l’inspecteur Sadorski continue la saga d’un personnage que l’on aime haïr. Malgré toute sa mauvaise foi, ses préjugés, sa volonté de rebondir sans cesse pour échapper à ses responsabilités confine au grand œuvre. Ici, les nuages s’accumulent sur lui et il est menacé de toute part par son passé. Toutefois, il continue à se démener pour s’en sortir. Autour de lui, d’autres personnages, plus ou moins crapuleux, tentent eux aussi de vivre. C’est l’occasion pour Romain Slocombe, en utilisant une documentation amplement maitrisée et en la rendant vivante dans une intrigue avec de nombreux rebondissements, d’évoquer d’autres points de la période. Dans ce volume, c’est notamment les tentatives de certains pour se « refaire une virginité ». C’est surtout d’un côté tout un pan économique de ces années avec les magouilles et autres crapuleries des marchands d’art (avec les façons de faire monter la cote de tel ou tel artiste, de déplacer par des achats et ventes l’origine d’un tableau et ainsi de le « blanchir ») et d’autre part une évocation du retour des déportés dans un Paris qui ne les attend pas forcément. Ces deux aspects renforcent une histoire forte et prenante, toujours aussi captivante au bout d’un certain nombre de pages, pour un nouveau volet, aussi captivant et profond que les autres.