La plume quelque peu féroce d'Adam Langer s'attaque dans une vaste enquête littéraire où son esprit et son style font preuve de ludisme au monde éditorial new-yorkais. Ian Minot, son principal protagoniste, voit ses textes sempiternellement refusés et retournés accompagnés de lettres de refus motivées lui enjoignant de ne plus perdre son temps à en renvoyer de nouveaux. Ironie de l'histoire, son amie se retrouve sur le devant de la scène littéraire. C'est le moment qu'elle choisit pour le quitter pour un parvenu littéraire adepte de l'écriture parlée des banlieues. Les deux écrivains au succès fleurissant sont montrés en exemple comme les membres d'une école du vrai, et qu'importe s'il y a supercherie au bout, les ventes et les adaptations cinématographiques seront également présentes au rendez-vous. C'est alors que Ian Minot est contacté par Roth (sic !), un éditeur un tantinet désabusé par le système qui ne tarde pas à lui faire comprendre que pour être édité, il faut être connu et surtout avoir une histoire véridique à proposer. Il sort alors de derrière ses fagots son autobiographie dont il veut bien se séparer. Il y est question d'une bibliothèque de manuscrits rares incendiée, et d'un ouvrage unique, le Dit-du Genji qui aurait survécu à cet étrange autodafé. Un peu contre sa volonté, Ian Minot accepte l'étrange proposition. Il s'approprie l'autobiographie, et entend se venger du monde de l'édition en étant publié à ses conditions avant de dénoncer une situation inique : celle d'un gars édité pour une autobiographie tellement irréelle qu'elle sonne juste, et pourtant qui n'est qu'un ramassis de mensonges. Seulement voilà c'est aussi le moment que choisit Adam Langer pour dévoiler son complot. Celui qui nous plonge – et Ian Minot en premier – dans un monde paranoïaque. Du jour au lendemain, Roth disparait, des voleurs-tueurs font leur entrée à la recherche du fameux Dit-du Gangi, la meilleure amie de Ian Minot fait partie du complot, et l'on assiste à une course poursuite rythmée avec capture et échappatoire à répétition. Adam Langer choisit de multiplier les références littéraires et cinématographiques pour un roman qui est à la fois une arnaque éhontée et une enquête littéraire où il joue des mots un peu à la manière de James Joyce dans Finnegan's Wake. Il remplace des verbes, des noms communs et des adjectifs par des auteurs et des héros de romans (un glossaire se trouve en fin du roman) comme pour appuyer sur un des moteurs-clé de son récit : tout n'est qu'apparence trompeuse – n'est-ce pas Tardieu ? Et c'est ainsi que la citation de Jorge Luis Borges tirée des Ruines circulaires en exergue prend tout son sens : « … il comprit que lui aussi était une apparence, qu'un autre était en train de rêver ».