À travers dix courtes nouvelles dont six sont inédites et en français et en américain, D. James Eldon dépeint la société new-yorkaise des solitaires en tous genres. De ceux qui ne voient nulle autre échappatoire que le suicide (Ce n'est pas suffisant), traité de manière totalement désabusée. Enfin, désabusé, c'est surtout le père quand il est confronté à la décision irrévocable de son fils. De ceux qui se perdent dans une relation d'un soir sans même y croire pendant la fornication (Éclats de verre). De ceux qui roulent sans autre but précis entre la 16e et la 17e sortie de l'autoroute que de retrouver un sexe vite arraché et vite jeté. De ceux qui, au chômage, lisent sans fin Dostoïevski avant de s'attaquer à Kafka (Une vie littéraire). Enfin, de ceux qui veulent sortir de cette solitude, de ce carcan, et révéler leur vraie nature, mais en vain (New York New York).
Autant de tranches de vie, d'ébauches d'épaves, à la limite de la dépravation avec un style incisif, une provocation lancinante, des fois volontairement caustique. D. James Eldon tranche dans le corps, dans l'âme instille et transforme des poncifs et s'accapare des vérités pour mieux les révéler. Avec lui, aimer la littérature tient de la pure débauche. Et c'est jouissif.