Murthy Banerjee, jeune étudiant d’origine indienne, doit bientôt se marier. En licence d’histoire et se destinant à être professeur, il a un besoin pressant d’argent pour payer une partie de la noce et aider son père, écrivain public, qui gagne petitement sa vie. Aussi, en plus de son travail dans un restaurant, il accepte de devenir convoyeur de fonds, et transporte de l’argent provenant de trafics de drogue, grâce à son scooter passe-partout. Coincé par la police, il est jugé et emprisonné. Il va donc découvrir l’enfer du monde carcéral, même si ses talents d’écriture lui permettent de trouver une planque à la bibliothèque, s’attirant l’amitié de gitans. Mais alors pourquoi un gang de noirs qui fait la loi dans la prison, notamment en usant de corruption avec les gardiens, lui en veut-il à ce point ? En parallèle, nous allons suivre Mamba, un policier avec un mamba tatoué sur son bras. Accessoirement, il héberge un vrai serpent chez lui, sous le vivarium duquel il cache son magot. Son magot ? Oui, car ce policier a décidé de franchir le mauvais côté de la frontière de la légalité. Avec l’aide de sa collègue, elle aussi impliquée, sur les informations d’un adjoint d’un gros trafiquant, Rachid Mansouri, il attaque les convoyeurs d’argent et s’empare de leur caisse. Lors d’une dernière intervention, il a attiré l’attention d’autres dealers, d’un gang noir (d’où la surveillance en prison de Murthy). Lorsque Mansouri, depuis son lointain Maroc apprend que des gens s’attaquent à ses transporteurs, qu’un de ses bras droits pourrait être impliqué et qu’il y aura une lutte avec d’autres gangs, il lance ses équipes pour rétablir l’ordre à tout prix. Pendant ce temps, avec la collaboration de Murthy Banerjee, les forces de l’ordre s’apprêtent à mettre en branle l’opération Alboran pour faire tomber le trafiquant.
Jean-Marc Souvira est lui-même un ancien policier et il connait son métier, ses dérives potentielles, ses zones d’ombre. Ici, il décrit avec soin les milieux violents des bandes, petites ou grandes, les hiérarchies et les magouilles, sans occulter les difficultés potentielles pour les policiers de rester à l’abri de la corruption, de la possibilité de passer de l’autre côté au vu des sommes et des enjeux. Placé au milieu de ces brutes, violentes, le jeune Murthy n’a que son intelligence pour essayer de passer à travers les gouttes et son parcours est lui aussi décrit avec réalisme. Le roman est à la fois une histoire à l’intrigue maitrisée, et une description aiguisée et fine des protagonistes et des actions menées. Surtout, il offre au lecteur un récit fort, prenant, ancré dans la situation actuelle. Jean-Marc Souvira, lui, continue de proposer des romans intéressants aussi bien dans le contenu que dans la forme.
