CHRONIQUES

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ROMAN - THRILLER
Prix : 9,50 €
INFORMATIONS LIVRE
Édité chez
Numéro collection : 29
ISBN : 978-2-38094-725-0
Nombre de pages : 246
Format : 18 X 11 CM
Année de parution : 1948
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7 / 10

Nuit et brouillard

Nuit et brouillard, Prix du Quai des Orfèvres 1948, est aujourd'hui le témoin du pouls de la société d'après-guerre. Yves Fougères, son auteur, déroule une intrigue classique sur deux fils narratifs entre un nazi terré dans l'ombre et un agent français qui le traque pour éviter un complot. Cette réédition est une jolie initiative.

Prix du Quai des Orfèvres 1948

Nuit et brouillard est la traduction française de nacht und nebel, le sigle par lequel les nazis cachaient tout leur programme génocidaire. Pourquoi ce titre ? Parce que ce roman d’Yves Fougères évoque un épisode peu connu de la Deuxième Guerre mondiale. Comme dans Astérix, après 1945, les alliés ont conquis toute l’Allemagne, mais quelques réfractaires résistent. On les a appelé les loups garous. Il s’agissait de gens restés profondément nazis et qui tentent de reprendre le pouvoir en Allemagne. Pour les amateurs cinéphiles, Europa, de Lars Von Trier, raconte aussi, un peu cette histoire. Dans ce roman (Prix du Quai des Orfèvres à sa parution en 1948), ce mystérieux groupe de nazis dirigé par un non moins mystérieux N°7 prépare des attentats afin de revenir sur le devant de l’actualité. Pour ce faire, on récupère toutes les bonnes volontés et les anciens officiers nazis qui parviennent à s’évader des prisons alliées (comme ils risquent souvent de grosses peines de prison, voire la condamnation à mort, c’est une option valable). C’est notamment le cas d’un certain Weber qui a participé au massacre d’Oradour-sur-Glane. Mais il a été reconnu par des agents français à Fribourg, après son évasion, et comme l’un de ces agents est retrouvé égorgé, les services spéciaux décident de mettre le paquet : ils envoient Prieur, un très bon agent, qui est aussi connu pour ses activités de journaliste, à Fribourg, avec la mission de surveiller Weber et de remonter la filière afin de liquider ce nid de « résistants » très dangereux. Prieur arrive sur place, prend contact, comprend que l’ennemi est bien structuré et est capable de lutter et de rendre coup pour coup. La tension monte lorsqu’il devient clair que le plan d’insurrection nazi est bien avancé.

Le roman présente en alternance la trajectoire de Weber et celle de Prieur jusqu’au moment où les deux fils narratifs vont se rejoindre. Il y a un rebondissement qui fonctionnait peut-être bien en 1948, mais qui apparait facilement prévisible pour les lecteurs d’aujourd’hui. Sinon l’intrigue est bien menée et donne une description intéressante et sans doute très réaliste de l’après-guerre en s’appuyant sur un thème qui devait inquiéter un certain nombre de Français comme la possible reprise du pouvoir par des nazis (comme si l’utilisation des anciens militaires ou sympathisants nazis dans un certain nombre de pays, y compris dans la légion étrangère – en Indochine par exemple -, ou la faible épuration en Allemagne même, souvent pour cause d’anticommunisme n’était pas bien perçue à l’époque). En tout cas, enquête classique, espionnage réaliste au sein d’un décor présenté avec soin et des personnages crédibles, toute cela montre que cette réédition, presque quatre-vingts ans plus tard, n’est pas une erreur.

Publié le 6 septembre 2025
Mis à jour le 6 septembre 2025
Je rejoignis George, arrêté devant la porte du bureau directorial, et lui tins la lampe pendant qu’il s’attaquait à cette nouvelle serrure. Le succès fut total et il opéra avec une facilité relative. Moins d’une minute plus tard, nous en franchîmes le seuil. Ce n’était néanmoins que le commencement.
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