Nous sommes à Washington. Mais attention, ce Washington n’est pas la ville américaine à laquelle nous pourrions penser, mais le nom d’un quartier résidentiel de la classe moyenne et haute. Dans ce quartier, presque clos, les co-propriétaires se surveillent, ce qui ne va pas empêcher des interactions particulières, parfois violentes. Il y a, entre autres, une femme devenue veuve et qui n’est pas contente de sa piscine. Elle trouve cette dernière inutile et décide de la transformer en une panic room. Elle engage un ouvrier local pour effectuer ce travail, mais ce dernier va avoir d’autres idées en tête. En parallèle, suite à un accrochage de voiture, l’un des habitants du quartier a trouvé la mort. La femme responsable de l’accident et une de ses amies décide de cacher le cadavre plutôt que d’avouer. Les deux évènements se télescopent et vont provoquer des remous dans la résidence. À cela s’ajoutent les péripéties habituelles de ces lieux clos où chacun se surveille, se juge, s’observe, où les enfants sont parfois pires que les parents. Et comme l’homme tente de plus en plus de maîtriser les éléments et de domestiquer la nature, il est bien logique que cette dernière revienne au galop. Ici, c’est un python qui aurait été relâché dans le système d’égout par l’un des résidents et qui aurait la mauvaise idée non seulement d’y vivre mais de se balader dans les cloisonnements et de débarquer dans les maisons en remontant par les toilettes, ce qui provoque nombre de frayeurs réelles ou fantasmées.
Deuxième volet de la trilogie des « Grands animaux » entamée par Chevreuil, le roman de Sébastien Gendron poursuit en fanfare la déglingue du monde moderne. Utilisant les personnages de notre modernité, avec ces nouveaux urbains résidentiels, dans une version française déjantée des « Desperate Housewives », Sébastien Gendron manie avec un humour pince sans rire et une ironie qui fait mouche ce mélange entre animaux et humains, entre descriptions entomologistes et fatigues urbaines. Les personnages de l’histoire qui commencent puis s’enfoncent dans leur déprime avec une sorte de joie masochiste sont des marionnettes joyeusement menées et le python apparait comme le running gag d’un dessin animé réalisé par David Lynch, construit avec soin et emmené dans toutes ces conséquences jusqu’à un final impeccable.